Le Château de Duillier a eu plusieurs propriétaires depuis sa construction au XIIe siècle et l’édification de bâtiments plus cossus trois siècles plus tard, dont la famille Fatio sur cinq générations, mais son histoire – viticole pour le moins – commence à devenir véritablement intéressante en 1922. Cette année-là, le site est racheté par Maurice Humbert après avoir été ravagé par un incendie criminel en 1904 et reconstruit par William Henri de Saint-Georges. Issu d’une famille originaire de Marchissy disposant d’un domaine familial à Burtigny (dont on raconte que l’attribution à l’un des trois enfants de la fratrie s’est fait à la courte paille), Maurice Humbert prend les rênes d’une terre en piteux état. A savoir trois hectares dévolus à l’agriculture, l’élevage laitier et la viticulture qu’il faut entièrement reprendre en main. En 1944, il meurt brutalement et son fils Jean-Claude se retrouve à 17 ans catapulté à la tête du Château de Duillier qu’il dirigera par la suite avec son épouse Yolande née Desvignes (cela ne s’invente pas!). Jean-Claude choisit de se spécialiser dans les activités viticoles et produit en 1953 la première bouteille sous l’appellation Château de Duillier. «Jusqu’alors, nous livrions la récolte à la coopérative de Nyon. Le fait d’encaver, vinifier et mettre en bouteilles au domaine nous a propulsés dans une nouvelle ère», confirme Jacques Humbert, actuel propriétaire et fils de feu Jean-Claude. Répertorié en 1976 comme bien culturel d’importance nationale, le Château de Duillier se dote en 1986 d’une nouvelle cave. A l’occasion du trentième anniversaire de cet outil de production traitant les 14 cépages cultivés au domaine, visite guidée avec Jacques Humbert qui travaille à Duillier avec sa fille Sophie.