A la suite de nombreuses consultations, le projet de réforme de la formation initiale des métiers de l’hôtellerie-intendance est bouclé. Il entrera en vigueur à partir de 2024.
C’est un projet d’envergure qui s’apprête à être déployé dans toute la Suisse. Secrétaire générale de la Société professionnelle Hôtellerie & Intendance, Elvira Schwegler l’a suivi de près et sa concrétisation représente selon elle une excellente nouvelle pour celles et ceux qui travaillent dans le secteur de l’hôtellerie-intendance. «Grâce à cette réforme de la formation initiale, nous allons pouvoir proposer un cursus moderne offrant de nombreux avantages, à la fois aux collaborateurs et aux entreprises, et ce sous le nouvel intitulé de gestionnaire en hôtellerie-intendance (CFC) et employé en hôtellerie-intendance (AFP)», explique Elvira Schwegler.
Pour mieux comprendre les enjeux de la réforme, il faut rappeler en quelques mots les raisons qui l’ont motivée. S’il existe certes des différences importantes entre l’hôtellerie et le secteur la santé (hôpitaux, EMS, etc.), notamment en termes d’organisation du travail et de processus de nettoyage, les deux univers professionnels ont eu tendance à se rapprocher au cours des dernières années. «D’une part, les établissements de santé ont cherché à développer les services hôteliers pour diversifier leur offre et assurer le bien-être de leurs hôtes. D’autre part, les hôtels ont apporté une attention toujours plus grande à la question de l’hygiène, en raison d’une clientèle toujours plus âgées et souffrant de diverses allergies. Autant de raisons qui ont poussé les acteurs de la branche à réfléchir ensemble à la manière dont la formation initiale est dispensée dans le pays.»
Dans ce contexte, la pandémie de coronavirus a bien entendu conforté le projet de réforme, car jamais la question du nettoyage et de la désinfection n’avait autant été débattue qu’avant l’apparition du virus. Toutefois, les semi-confinements successifs ont freiné la mise en œuvre du projet. «Il avait été dit que ce dernier se concrétiserait en 2022, puis en 2023, mais la situation délicate et la volonté de se laisser le temps de la réflexion a convaincu les différents partenaires de ne pas brusquer le processus», poursuit Elvira Schwegler.
Où en est-on précisément aujourd’hui? La plan de formation et l’ordonnance pour les CFC et AFP sont sous toit, et, à l’issue d’un processus de consultation dans lequel est notamment impliqué un groupe de travail comprenant des représentantes et représentants des trois principales régions linguistiques du pays et des secteurs de l’hôtellerie et de l’intendance, les derniers détails seront réglés. Mais quelle que soit l’issue des discussions qui se déroulent sous l’égide de quatre sous-groupes, le calendrier est d’ores et déjà fixé. «La réforme entrera en vigueur en 2024», confirme Elvira Schwegler.
Elvira Schwegler, secrétaire générale de la société prof.Hôtellerie & intendance
Derrière cette réforme s’esquisse aussi la volonté d’offrir un outil concret pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Comment? En permettant aux jeunes professionnels de passer plus facilement de l’hôtellerie au secteur des soins, et vice-versa, tout en élargissant le réservoir de collaborateurs potentiels pour les entreprises. «En outre, vu la réforme du plan de formation, il sera plus facile d’entreprendre un brevet ou un diplôme fédéral, donc de se voir confier des responsabilités», précise Elvira Schwegler. A ses yeux, c’est même l’un des aspects clés de cette nouvelle filière. «Dans quel autre secteur d’activité peut-on être à la tête d’une équipe de plusieurs personnes avant l’âge de 25 ans? C’est le cas de Manuela Kneubühler, élue Housekeeper 2022, et qui occupe aujourd’hui le poste de responsable hôtelière au sein du centre de soins Luegenacher. De quoi convaincre celles et ceux qui hésiteraient à choisir cette filière de s’engager», conclut Elvira Schwegler.
(Patrick Claudet)