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Le Château de Duillier: une affaire de famille bien rodée

Depuis qu’il a repris le domaine en 1978, Jacques Humbert a diversifié les cépages et inauguré une nouvelle cave dont il fête le trentième anniversaire.

Sophie Humbert travaille au domaine avec son père Jacques, propriétaire.

Dégustation gratuite, food-trucks, concerts, spectacles, animations et concours: Jacques Humbert n’a pas fait les choses à moitié pour le trentième anniversaire de la cave du Château de Duillier, à l’occasion duquel il a accueilli plusieurs centaines de clients, amis et autres restaurateurs sous un ciel radieux le week-end dernier. «Cet événement, inédit pour nous, a été une manière de remercier les gens qui nous suivent depuis plusieurs décennies, et auprès de qui nous réalisons 80% de nos ventes, dont 60% directement au domaine», lance le vigneron-encaveur et propriétaire du Château de Duillier, par ailleurs président de l’Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants.

Un passage de témoin brutal


Jacques Humbert représente la troisième génération à la tête de ces 20 hectares situés à quelques encablures de Nyon. S’il a très jeune entrepris une formation de caviste dans l’idée de travailler aux côtés de son père Jean-Claude qui avait hérité du domaine en 1944, la transition ne s’est pas déroulée comme prévu. «J’ai décroché mon CFC en 1978, et, cette année-là, le premier jour des vendanges, mon père m’a remis les clés de la cave en me disant que j’allais désormais pouvoir m’en occuper pendant qu’il retournerait dans les vignes. Le lendemain du ressat, il s’est éteint dans son sommeil, et, à l’âge de 21 ans, j’ai dû prendre subitement la relève.»

A la peine liée à son deuil soudain s’ajoute la difficulté de s’imposer comme le patron d’une équipe plus âgée et expérimentée que lui. «J’avais touché deux salaires d’ouvrier avant de diriger l’entreprise, il m’a fallu prendre rapidement mes marques. L’une de mes priorités a été de compléter mon cursus en entamant une formation d’œonologue, que j’ai terminée en 1982.» Beaucoup de gens dont son ancien maître d’apprentissage lui viennent aussi en aide et le confortent dans sa volonté d’améliorer l’outil de production et de diversifier le vignoble.

Mieux maîtriser la vinification

Avant lui, son père avait planté au début des années 1960 du gamay, puis en 1978 du pinot blanc, qu’il n’a jamais pu déguster. Jacques Humbert poursuit le mouvement amorcé par Jean-Claude et introduit de nouveaux cépages, dont le gamaret, le garanoir, le merlot, le galotta ou le chenin blanc qu’il a découvert à la faveur d’un voyage en Afrique du Sud. «A chaque fois, je n’ai pas cherché à suivre les supposées tendances, mais à partager mes coups de cœur. Aujourd’hui, nous cultivons 14 cépages et produisons 20 crus dont la qualité en amélioration constante nous a valu plusieurs distinctions», poursuit le lauréat de quatre médailles d’or à la dernière Sélection des vins vaudois (Rosé de Gamay 2015, Pinot Gris 2015, Chenin Blanc 2015, Merlot Cabernet Franc 2011). Le remplacement en 1986 de la vieille cave à l’ouest de la parcelle participe, elle, d’une volonté de mieux maîtriser le processus de vinification. «Pour ce faire, j’ai dû convaincre mon oncle de renoncer à huit vaches, dit-il en riant. J’ai dû négocier ferme, mais il a fini par comprendre l’importance d’avoir une cave capable de traiter un volume de production qui augmentait à mesure que nous développions la superficie viticole.»Au bénéfice d’un CFC d’assistante en pharmacie et d’une maturité professionnelle, ainsi que d’un CFC de caviste, sa fille Sophie l’a rejoint au domaine. C’est avec elle et sa mère, née Desvignes et toujours aussi alerte malgré ses presque 90 ans, qu’il a accueilli ses hôtes pour fêter les 30 ans de la cave: une affaire de famille bien rodée.

Patrick Claudet

Davantage d’informations:
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