La Kochnati est de retour du Luxembourg, où elle a remporté le titre lors de la Culinary World Cup. Les jeunes champions peuvent être fiers: ils forment tout simplement la meilleure équipe de cuisiniers au monde.
Les membres de la Kochnati sont tendus. Car le speaker de la Culinary World Cup s’apprête à proclamer les résultats de la compétition. Lorsqu’ils l’entendent dire que les Norvégiens se classent troisièmes, les cuisiniers se regardent, incrédules. Mais ils sont encore plus surpris quand il annonce que les Suédois terminent deuxièmes. Les Suisses vont-ils vraiment détrôner les Scandinaves? Et comment! «The Winner of the Culinary World Cup 2022 is Switzerland», s’exclame le speaker. Les chefs suisses et leurs nombreux fans laissent exploser leur joie et s’embrassent: ils sont champions du monde!
Petit retour en arrière. L’équipe suisse avait commencé le concours par l’épreuve baptisée «Chef’s Table». Dix convives et deux membres du jury étaient installés à la table qui jouxte les cuisines et les chefs devaient leur proposer un menu composé d’amuse-bouches, d’une assiette froide, d’un mets végane, d’un plat principal, d’une pièce artistique en chocolat, d’un dessert et de petits fours, chaque création devant être présentée en anglais.
Guy Estoppey, membre de l’équipe suisse des cuisiniers
La Nati avait choisi de servir du saumon de Lostallo et des crevettes suisses accompagnées de garnitures et de salade. En guise de mets végane, ils avaient opté pour un ravioli aux champignons agrémenté d’un fonds à base de champignons et d’huile aux herbes ainsi que de petits pois glacés. Mais le clou du spectacle était certainement le chef-d’œuvre de Jorge Cardoso, fruit de 150 heures de dur labeur. Afin de parer à toute éventualité, le chocolatier en avait apporté deux exemplaires et s’était même muni de pièces de rechange. Les jurés se sont montrés particulièrement intéressés par cette merveille d’une finesse rare, ce qui pouvait être de bon augure pour la victoire finale. Mais rien n’était encore joué.
Car il y avait encore l’épreuve appelée «Hot Kitchen», au cours de laquelle les compétiteurs devaient cuisiner un menu pour 110 personnes, les spectateurs pouvant les regarder travailler à travers une vitre. Thomas Nussbaumer, président de la Société suisse des cuisiniers, confie: «Ils ont fait forte impression. Ils avaient l’air heureux. Chacun avait visiblement trouvé sa place au sein de l’équipe, qui fonctionnait à la perfection.»
Thomas Nussbaumer, Président de la Société suisse des cuisiniers
L’entrée était constituée d’un filet de saumon royal suisse au beurre aromatisé, d’un velouté et d’un tartare de saumon accompagnés d’artichaut, de pamplemousse, de salade de petits pois et de radis. Ensuite, les Suisses ont servi de la selle de veau en croûte avec de la farce aux champignons, de la joue de veau avec de la gelée au porto, une création à base de pomme de terre avec une espuma hollandaise, un céleri-rave farci et des shimejis marinés. Le menu se terminait par une glace de yogourt châtaigne-namelaka avec une cerise noire et un financier aux cerises amarena accompagné d’une sauce à la verveine.
Grâce au préparateur mental Andreas Fleischlin, l’équipe suisse semblait particulièrement sereine: «Ils se sont entraînés à évacuer toutes les émotions inutiles. Pour trouver le calme nécessaire, il faut libérer de l’espace intérieur», souligne-t-il.
Après la victoire, Guy Estoppey s’est livré à quelques confidences. «Je suis comblé. Avec nos coaches et tous ceux qui nous ont aidés, nous avons atteint des sommets. Et comme les juniors et les équipes régionales ont aussi gagné, le bonheur est total. L’été dernier, nous n’y étions pas du tout. Nous nous sommes motivés les uns les autres et, depuis, nous sommes au top», dit-il. Qu’on se le dise: la Suisse est de retour au plus haut niveau.
(Andrea Decker/pcl)