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Les vignerons vaudois songent à une «réserve climatique»

Les vignerons connaissent les aléas liés à la météo. Les Vaudois planchent sur une «réserve climatique» prise sur une hausse des quotas.

Si elle passe le cap de la CIVV, la mesure pourrait entrer en vigueur avec la prochaine vendange (2017).

L’idée, que le conseiller d’Etat Philippe Leuba a dévoilée à Eclépens, jeudi passé sera soumise à la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois (CIVV), le vendredi 18 novembre. Le président de cet organe, Gilles Cornut, directeur technique de la coopérative Uvavins, constate qu’«il est difficile d’imaginer un contraste plus marqué entre les récoltes 2016 et 2015. Tout ce qui a manqué à l’une était en plus à l’autre». Finalement, après avoir combattu les maladies de la vigne en début d’été, les vignerons ont pu rentrer en cave «une récolte très saine et généreuse».

Elle devrait s’afficher à +30% de 2015, année de très faible rendement, soit 30 millions de litres de vin, 21 de blanc et 9 de rouge (et donc 9 millions de litres de plus que l’an passé). Reste à déterminer la qualité de ces vins, dont on dit qu’elle sera hétérogène, en fonction de la charge de chaque cépage, le chasselas ayant produit de grosses baies dans plusieurs régions. Et il faudra les vendre, alors que la consommation est à la baisse et que «la grande distribution n’a pas relayé les bons côtés du millésime 2015, par crainte de produits à commercialiser».

Plus de souplesse dès 2017


Dans un tel contexte économique, l’année à venir pourrait marquer un virage difficile à négocier. Vaud a donc ressorti un instrument, connu en Europe et dont la majorité des milieux vitivinicoles vaudois n’avait pas voulu il y a quelques années, le «plafond limite de classement». Rebaptisé «réserve climatique», il permettrait d’augmenter les quotas, fixés chaque année par le Conseil d’Etat, dans les limites fédérales de 1,4 kilo de raisin au m2 en blanc et 1,2 kg au m2 en rouge, et de ne pas commercialiser une «réserve», exprimée en pour-cent ou en grammes, durant trois ans, en vue d’une année moins généreuse. Encore faut-il, dans le canton de Vaud, découpé en AOC régionales, tenir compte de ces régions et définir qui débloquerait les quantités «mises de côté», et quand.

Si elle passe le cap de la CIVV, la mesure pourrait entrer en vigueur avec la prochaine vendange (2017). Par contre, pas question d’appliquer la solution «à la valaisanne» de permettre sur une même parcelle AOC de produire 1,4 kg de fendant et d’en réserver 150 grammes en «vin de pays», comme cela a été autorisé en 2015 et 2016, au mépris du principe qu’une parcelle ne peut produire qu’une seule qualité, au risque de diminuer la qualité du vin AOC.

Phyto et pesticides dans le viseur


Les vignerons sont susceptibles sur l’interprétation de la qualité… et de la quantité. Ainsi, dans un communiqué de presse, la Fédération vaudoise des vignerons (FVV) s’insurge contre une focalisation des médias sur les traitements phytosanitaires du mildiou, qui s’est répandu, comme jamais depuis 30 ans, dans le vignoble en début d’été. «Tant en production intégrée qu’en bio – dynamie ou pas –, il a fallu assurer un nombre de traitements plus élevés qu’à l’habitude.

La récolte 2016 suivait trois années de faibles productions. Il s’agissait de garantir une récolte économiquement normale», argumente la FVV. Ex-chef de la viticulture à Changins, qui passera à l’administration vaudoise dès le 1er janvier, Olivier Viret a confirmé que la vigne n’aurait pu produire de raisins, qui se révèlent au final de bonne qualité, en 2016, sans ces «médicaments».

Reste à savoir s’il faut préférer l’homéopathie à la chimie, même modérée. La Confédération propose un plan à 65 millions de francs pour réduire les risques du recours à des produits phytosanitaires dans l’ensemble de l’agriculture. Et les vignerons vaudois ne veulent pas d’une initiative populaire fédérale, en voie d’être lancée, visant à interdire les pesticides autant en Suisse que sur les produits importés.

Et que soutient le champion des vins du concours Bio Suisse 2016, le vigneron neuchâtelois Jean-Denis Perrochet. Tandis que c’est un Vaudois, Reynald Parmelin, qui a décroché le titre de «meilleur vin bio» au Grand Prix du Vin Suisse, avec un pinot noir vieilles vignes 2015 de Begnins. 

Pierre Thomas