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Un pactole pour un vignoble vaudois durable

Crise économique, incertitudes climatiques et nouveaux modes de consommation: le vignoble vaudois est sous une triple menace. Il a désormais son «plan de relance» durable.

La durabilité sera au cœur des conditions de l’aide pour chacun des quatre volets du plan qui seront déployés dès 2023. (DR)

Présenté à Bonvillars devant l’assemblée plénière de la Fédération vigneronne vaudoise (FVV), ce plan de relance prévoit d’injecter 25 millions de francs ces cinq prochaines années, dixit la nouvelle conseillère d’Etat Valérie Dittli, non seulement ministre de tutelle de l’agriculture et de la viticulture, mais aussi des finances. Sur ces 25 millions, un peu moins de la moitié sont des «dépenses nouvelles». Le dossier avait été lancé en juin par Philippe Leuba, avant sa retraite du Conseil d’Etat, qualifiant alors ce plan de «donnant, donnant». Le président de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois, Olivier Mark, qui l’a négocié, préfère parler de «gagnant, gagnant».

Du bio parcellaire au chantier des AOC-AOP

Ce plan s’articule sur quatre volets dès 2023, où 5,8 millions de francs seront injectés. A chaque fois la «durabilité» est au cœur des conditions de l’aide. D’abord, le plan phytosanitaire cantonal est enrichi d’un demi-million de francs. Il octroiera des contributions pour le «bio parcellaire», qui ne donne droit à aucun label, mais va dans le sens de «l’attente des consommateurs». Puis, 2 millions de francs serviront à une aide d’investissement «durable» dans les caves, par exemple pour améliorer la charge énergétique des installations ou mieux isoler les caves. Les vignerons seront traités comme les agriculteurs, qui ont déjà accès à cette aide. Ensuite, le plan vaudois sera assorti de l’étude d’un redécoupage délicat des AOC (AOP), sous la direction d’un pilote. Ce chef de projet, issu des milieux agricoles, mais pas viticoles, procèdera à une analyse de la situation et consultera les «lieux de production», sans qu’aucune décision ne soit prise en 2023. Enfin, le budget de l’Office des vins vaudois (OVV), intégré dans le dispositif de relance, sera doublé, passant de 3 à 6 millions de francs, une moitié par le biais de la taxe payée par la profession, l’autre par un fonds viticole en sommeil et la trésorerie de l’Etat. Le but est de «trouver des nouveaux clients, surtout en Suisse alémanique».

Le plan de relance est programmé en trois étapes. La première s’ouvre d’ici la fin de l’année par la mise en ligne d’une plate-forme de vente, www.vaudvins.ch. La solution retenue passe par un dépôt centralisé, dont la logistique sera assurée par le Cellier de Provino. La plateforme permettra de diffuser des vins vaudois dans les trois jours, par multiple de trois bouteilles. Reste à connaître l’adhésion des producteurs, qui devront consentir des conditions de vente au tarif Horeca (moins 20 % du prix de vente aux privés) pour accéder à cette plate-forme, pourtant subventionnée par la production elle-même et l’Etat.

Des chiffres vaudois en demi-teinte

La viticulture vaudoise compte pour 25 % du produit intérieur brut (PIB) agricole, à travers 1370 entreprises, dont 450 encaveurs. En érosion régulière ces dernières années, la part des vins vaudois est de 8 % dans la consommation suisse, où les crus indigènes ne représentent plus que 35 %, pour 65 % de vins importés. Majoritairement planté en chasselas (40 % de l’encépagement blanc suisse), il représente 25 % des raisins cultivés en bio en Suisse, soit le premier rang en surface. Mais pas en proportion, où Neuchâtel, avec 43% de vignes en bio à fin 2021, devance le lac de Bienne (39 %) et le Vully (36 %). Genève n’était qu’à 20 %, Vaud à 15 % et le Valais à 10 %. Mais la situation du vignoble évolue vite, surtout dans cette année 2022 sèche et sans maladie.

(Pierre Thomas)


Davantage d’informations:

vaudvins.ch