Déjà sacré Champion de service en mars dernier, le Valaisan de 19 ans a remporté les Swiss Skills dans la catégorie du service. Il revient sur son sans-faute bernois.
Marc Gay, toutes nos félicitations pour le titre de champion suisse que vous avez décroché il y a 10 jours à Berne. Vous attendiez-vous à cette victoire, vous qui aviez déjà gagné ce printemps le Championnat de service 2022?
Sur la base du travail entrepris dès avril avec ma coach Chloé Leininger, je me disais que j’avais une chance de terminer sur le podium, voire de m’imposer. Elle-même, d’ailleurs, était très confiante, mais je sais d’expérience que tout se joue sur des détails et qu’il faut toujours compter sur des imprévus le jour J.
A quel moment avez-vous eu le sentiment que l’or était à votre portée?
Le jeudi, jour du quart de finale, je suis arrivé nerveux, un peu stressé. Malgré tout, je suis parvenu à rester bien concentré, sans me laisser distraire par les autres concurrents, ce qui m’a permis de terminer au premier rang. Cette bonne performance m’a non seulement dispensé de disputer la demi-finale, mais elle m’a aussi mis en confiance en vue de la finale du samedi.
Qu’est-ce qui a fait, selon vous, la différence?
Selon les commentaires que j’ai pu glaner, mon attitude globalement décontractée a marqué les esprits, tout comme ma découpe du canard. Ma fierté est d’avoir à la fois gagné avec une confortable avance en termes de points et apporté le titre pour la première fois en Suisse romande. C’est une aubaine pour l’ensemble de la région.
Quid des World Skills? Y songez-vous déjà?
Oui, forcément. En octobre, je vais aller suivre l’édition 2022 à Lucerne, où elle a été relocalisée après l’annulation de l’événement prévu à Shanghai. Ce sera l’occasion de sentir l’ambiance et de suivre de près la performance de Shania Colombo, qui y représentera la Suisse. Dès novembre, il est prévu que je rencontre sa coach, la cheffe experte Néomie Zoss, avec laquelle je préparerai la finale 2024, prévue à Lyon, en France.
En quoi votre vie professionnelle a-t-elle changé depuis le titre de Champion de service?
J’ai pris confiance en moi et multiplié les contacts avec les meilleurs représentants de la gastronomie et de la formation en Suisse. Toutes ces rencontres ont été très enrichissantes; elles ont représenté un formidable accélérateur au niveau de ma carrière.
Les Swiss Skills, une nouvelle étape?
Beaucoup de Valaisans ont gagné l’or, ma prestation s’inscrit donc dans une performance davantage collective qu’individuelle. Cela dit, j’ai reçu beaucoup de messages de félicitations des instances cantonales, notamment liées à la formation professionnelle.
En quoi ce type de concours est-il utile pour la reconnaissance de la profession?
C’est le genre d’initiatives qui braquent les projecteurs sur la réalité de nos métiers. Je m’en rends compte au sein même de ma famille, où les compétitions suscitent beaucoup de questions. On s’étonne que je doive préparer des tartares au guéridon et on me demande à quoi peut bien servir ma formation si ces gestes ne sont plus que rarement pratiqués en salle.
Que répondez-vous à cela?
J’explique qu’il existe encore des établissements où ces pratiques perdurent. De plus, je rappelle que ce n’est pas le seul métier où l’on apprend des choses qui ne sont pas forcément exécutées au quotidien. Ce large éventail de compétences, il nous permet d’être plus serein face à toutes les situations imprévues que nous rencontrons.
Un conseil à celles ou ceux qui hésiteraient à se lancer dans de pareils concours?
Foncez, c’est une très belle expérience! On apprend à se surpasser, et, quelle que soit l’issue, on en ressort toujours grandi. De plus, l’aventure de la préparation et le contact avec les formateurs et les sponsors sont très enrichissants.
Vous êtes aussi ambassadeur de la Société professionnelle Service Restauration. En quoi consiste ce rôle?
Jusqu’à présent, l’association a été très sympa, puisqu’elle m’a laissé me concentrer sur la préparation des Swiss Skills. Mais il est prévu que je me rende dans des classes et participe à différents événements. J’ai hâte de le faire car j’adore les rencontres.
(Propos recueillis par Patrick Claudet)