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Comment Elodie Schenk a conquis le public au Cuisinier d’Or

Troisième au concours et lauréate du Prix du public, la cheffe de cuisine et gérante du restaurant Le Tourbillon, à Plan-les-Ouates, revient sur une aventure hors du commun.

A Berne, le 10 février dernier, Elodie Schenk est montée sur le podium du Cuisinier d’Or. Aux côtés de son commis et apprenti Baptiste Galea, elle a décroché la troisième place et le Prix du public à l’issue d’une performance qu’elle décrit comme «leur plus bel entraînement». Depuis le début de l’année, la paire s’était préparée chaque week-end dans les cuisines du restaurant Le Tourbillon, exploité à Plan-les-Ouates (GE) par la Croix-Rouge Genevoise, et dont Elodie Schenk est la gérante depuis son ouverture en 2023. «Lors des cinq répétitions générales que nous avons organisées, nous avons bénéficié du retour de nos collègues et amis venus nous soutenir, ainsi que des commentaires à distance de Romuald Fassenet, qui a accompagné le vainqueur français du dernier Bocuse d’Or», explique la cheffe de cuisine vaudoise.

Une approche personnelle et colorée

Le jour J, sous les projecteurs et le regard des quelque 1300 spectateurs du Kursaal, l’émotion était à son comble. Sans compter que la paire était scrutée par les caméras de la Radio Télévision Suisse, qui réalisait un sujet sur son épopée bernoise, et dont la présence – bien que vite occulté par l’enjeu du concours – a contribué à faire monter la pression. Malgré un léger retard au moment d’envoyer le plat de poisson, trois petites minutes qui ont coûté quelques dizaines de points, l’essentiel était ailleurs. «On a tout donné, et, surtout, on a profité à 300%», relève Elodie Schenk. Suivant le conseil de son coach mental, elle avait en effet pris la peine de lever les yeux à intervalles réguliers pour s’imprégner de l’ambiance survoltée régnant dans la salle.

Elodie Schenk et son commis Baptiste Galea à l’issue de la finale du Cuisinier d’Or, à Berne. (dr)

Quid de son menu? «Pour le poisson, j’ai privilégié une approche colorée et dressé le sandre sur un lit de café. Ma sauce, une matelote au vin rouge relevée d’un fond de viande, était apprêtée avec du café torréfié, et je l'ai même dressée dans une minicafetière italienne siglée du concours», détaille Elodie Schenk. Pour le plat de viande, composé de bœuf suisse (entrecôte et poitrine), elle a mis en avant le genièvre, ingrédient imposé, notamment sous la forme d’un genévrier taillé comme un bonsaï accompagnant le plat et d’une fumée parfumée au genièvre diffusée à l’azote liquide.

Soutien sans faille et victoire collective

Au-delà de la technique et de l’aspect créatif, c’est le soutien reçu qui l’a profondément marquée. Plus de septante supporters étaient présents à Berne pour les encourager, elle et Baptiste, venus de tous les horizons: amis, famille, collègues, anciens collègues, passionnés (comme elle) de salsa et collaborateurs du restaurant social qu’elle dirige, sans oublier l’équipe des Chef’s Goutatoo, au sein desquels elle a été intronisée en décembre dernier. Une mobilisation sans précédent qui s’est traduite par une victoire éclatante au Prix du public, avec un record historique de votes. «Ce prix, c’est une reconnaissance de qui je suis et de ce que je partage», se réjouit-elle. Et ce partage ne s’arrête pas au concours: quelques jours après la finale, son restaurant a proposé lors d’un service affichant complet son menu de concours, qui sera de nouveau à l’honneur le 27 mars – avis aux amateurs!

De son côté, la collaboration avec Baptiste Galea s’est apparentée à un travail d’équipe et a aussi contribué à son évolution. Si le jeune apprenti est parti au concours avec de solides bases, c’est un tout autre cuisinier qui est revenu en cuisine. «Il a pris une maturité incroyable, une assurance nouvelle dans ses gestes et dans sa communication», observe la cheffe de cuisine. Discret par nature, peu enclin à demander de l’aide, il a appris à s’exprimer et à interagir avec aisance à la faveur du concours. «Pendant les entraînements, je l’encourageais à me signaler la moindre difficulté au bon moment.» Un apprentissage qui s’est avéré décisif, en ce sens que, dans l’effervescence de la compétition, la communication permet de rectifier le tir immédiatement et d’avancer plus sereinement, dit-elle en substance. «Aujourd’hui, il est plus sûr de lui, plus affirmé, et cela se ressent au quotidien dans notre brigade.»

Quant à la suite, Elodie Schenk l’imagine moins dans un box de concours que dans sa cuisine, à Plan-les-Ouates. Sa mission, elle la conçoit d’abord au service de l’établissement qu’elle a façonné et des jeunes qu’elle y forme. A terme, elle se verrait toutefois bien coacher de futurs candidats à des concours culinaires. «Et une chose est sûre: dans deux ans, je serai dans les gradins à Berne, afin de profiter, en tant que spectatrice, de la formidable ambiance du concours!»

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

restaurantletourbillon.ch