Parmi la soixantaine de nationalités présentes sur le campus GLS, les Romands représentent le premier marché devant les Espagnols et les Italiens.
Quartier populaire au tournant du XXe siècle, Prenzlauer Berg a été le point de ralliement des artistes et intellectuels de Berlin-Est jusqu’à la chute du mur en 1989. Dans un premier temps délaissé par les Berlinois réunifiés en raison de la vétusteté de ses grands immeubles appelés Mietskasernen, ou casernes locatives, le quartier a entamé sa transformation dès la fin des années 1990. Aujourd’hui, Prenzlauer Berg est l’un des coins les plus branchés de la capitale avec ses nombreux bars et restaurants, ainsi que son campus de 16 000 m2 qui attire chaque année plus de 5000 étudiants.
C’est là, sur Kastianenallee, que Barbara Jaeschke a implanté il y a une dizaine d’années l’école GLS (German Language School), qu’elle a fondée en 1983 à Göttingen après une première expérience professionnelle en qualité de professeure d’anglais et de russe dans l’enseignement public. D’emblée, sa volonté a été d’élever son établissement au rang de campus. «Le site qui hébergeait une école à sa création en 1902 était en ruine et la ville traversait une phase économique difficile. Néanmoins, il a fallu faire preuve de persévérance pour convaincre les autorités de nous vendre le bâtiment.
Au final, le fait que notre projet ait une dimension pédagogique a plaidé en notre faveur», explique la fondatrice et directrice de GLS. Dans la foulée, elle a obtenu un financement pour la rénovation complète des infrastructures et l’aménagement d’un véritable campus, qu’elle a agrandi en 2005 en achetant les anciens bains publics voisins sur Oderberger Strasse.
«La perspective d’un séjour à Berlin suscite des vocations»
Jessica Monnet, directrice romande de boa lingua
Pour les habitants historiques de Prenzlauer Berg, et certains professeurs du campus qui y ont appris à nager, ces bains représentent l’âme du quartier. Leur fermeture en 1986 aurait pu sonner le glas d’une époque, mais les travaux entrepris par Barbara Jaeschke leur ont redonné leur lustre d’antan. Après cinq années de travaux, la piscine a non seulement rouvert le printemps dernier, mais la bâtisse de style néo-Renaissance s’est aussi transformée en un hôtel de catégorie supérieure comptant 70 chambres et deux appartements.
Certes, les 100 baignoires et les 200 douches de la grande époque ont été remplacées par des chambres et des salles de conférence, mais les anciennes portes ont été préservées et mises en valeur, apportant une touche vintage à une décoration sinon contemporaine et épurée.
Véritable destination dans la destination, l’hôtel Oderberger accueille une clientèle composée d’hommes et femmes d’affaires, de touristes et d’étudiants. Ces derniers ont également la possibilité de se loger dans l’un des 50 appartements du campus, où ils bénéficient d’équipements modernes et d’une kitchenette tout équipée. La durée moyenne du séjour, il est vrai, oscille entre deux à trois semaines l’été et six mois ou plus l’automne et le printemps, d’où l’importance de jouir d’une certaine autonomie.
Parmi la soixantaine de nationalités présentes, les Romands représentent, de loin, le premier marché devant les Espagnols et les Italiens avec 21% de parts de marché. Directrice de Boa Lingua pour la Suisse romande, fidèle partenaire de GLS, Jessica Monnet confirme l’attrait du campus auprès de la clientèle romande. «Les Romands entretiennent un rapport ambivalent avec l’allemand.
Tous savent qu’il est important de le maîtriser, mais la plupart gardent un mauvais souvenir des années durant lesquelles ils l’ont appris à l’école. C’est pourquoi la perspective d’un séjour à Berlin, l’une des capitales les plus branchées d’Europe, suscite des vocations et encourage les jeunes et moins jeunes à choisir GLS dans l’optique d’un séjour linguistique», explique Jessica Monnet.
D’entente avec le conseiller Boa Lingua qui supervise leur dossier jusqu’à leur retour en Suisse, les étudiants choisissent le cursus qui correspond le mieux à leurs attentes. Qu’il s’agisse de perfectionner ses connaissances de bases ou d’acquérir des compétences linguistiques dans un domaine spécifique, GLS offre une large palette de cours dispensés en effectif réduit et qui tiennent compte du niveau des participants. Rencontrée l’été dernier à Berlin où elle séjournait depuis deux mois et demi, Estelle, une étudiante genevoise en droit dans la vingtaine, soulignait l’intérêt des classes intensives qui lui ont permis d’élever rapidement son niveau d’allemand. Une nécessité absolue dans l’optique d’une carrière juridique en Suisse, selon elle.
Et un objectif réalisable par la plupart des Romands, qui, s’ils manquent souvent de confiance quant à leurs compétences linguistiques comme l’explique une enseignante de GLS, disposent néanmoins d’un bagage grammatical et d’un vocabulaire plus importants qu’ils ne le pensent.
De son côté, le Jurassien Nolan, 20 ans, a terminé son apprentissage d’employé de commerce et effectué son école de recrues avant de se rendre à Berlin. «Mon objectif est de passer du niveau B2 à C1 en vue de la recherche d’un travail à Bâle, où la maîtrise de l’allemand est obligatoire», expliquait-il en substance alors qu’il s’apprêtait à terminer la première moitié d’un cursus de 18 semaines, entrecoupé d’une pause estivale durant laquelle il comptait trouver un job dans la capitale pour s’immerger encore davantage dans la culture allemande en général, et berlinoise en particulier.
Depuis plusieurs années, GLS propose d’ailleurs la formule de stages professionnels en complément des cours. Placé sous la responsabilité de Katharina Hirt, le programme est accessible aux étudiants âgés d’au moins 18 ans qui suivent quatre semaines de cours ou plus. «Les stages pratiques sont disponibles dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, du tourisme ou encore du marketing. Beaucoup de Romands profitent de cette opportunité pour côtoyer les Allemands dans un environnement professionnel, ce qui leur permet de compléter idéalement l’enseignement théorique en classe», explique Katharina Hirt. Le recrutement a lieu par son entremise une fois qu’elle a rencontré les étudiants, le plus souvent âgés entre 18 et 30 ans, et qu’elle a pu cerner leurs attentes.
Elle en profite également pour les coacher en vue de l’entretien d’embauche – un coup de pouce utile qui parachève généralement leur intégration à Prenzlauer Berg, dont ils se sentent tous orphelins au moment de quitter Berlin.
Patrick Claudet
Davantage d’informations:
<link http: www.boalingua.ch>www.boalingua.ch
<link http: www.gls-berlin.de>www.gls-berlin.de