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La Cité du Vin à Bordeaux: à donf, l’interactivit

Inaugurée en grande pompe le 1er juin, la Cité du Vin de Bordeaux a tenu ses objectifs pour son premier mois: 40’000 visiteurs! Ce parcours initiatique et panoramique autour des nectars du monde tient ses promesses. Visite (non) guidée.

La Cité du Vin de Bordeaux évoque le musée Guggenheim de Bilbao.

Comme tout le monde, j’ai payé mon ticket 20 euros sur Internet, avec un créneau horaire réservé. C’est par là que commence la visite «branchée». Le bâtiment a fait jaser: planté entre le pont levant Jacques Chaban-Delmas et le pont d’Aquitaine, rive gauche de la Garonne, il évoque le musée Guggenheim de Bilbao. Mais là où Frank Gehry offre des structures éclatées, Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, du bureau parisien XTU, ont «emballé» de rondeurs alu une charpente en bois lamellé-collé, souvent fort belle à voir… de l’intérieur. Le bâtiment, haut comme un gratte-ciel de vingt étages, rappelle une carafe ventrue. Il est intimement lié au fleuve, d’où partaient les tonneaux de bordeaux: on peut y arriver du pont de pierre ou du quai des Chartrons en bateau-navette… plutôt qu’en tram (arrêts pile au bon endroit).

Parcours pour baladeur interactif


D’emblée, au 3e étage, début de la visite, beaucoup de personnel, jeune et stylé: on vous accroche un «compagnon de voyage», sorte de baladeur-télécommande, lié à des écouteurs «ouverts» sur les oreilles. Sans ce sésame, pas de salut, sinon en se collant à un groupe. Car tout le parcours se commande individuellement, au gré de ses envies. Bien sûr, ça sent le gadget vite usé ou en panne (on s’est escrimé à faire fonctionner un tableau géographique du Bordelais).

D’entrée, à la 1re des 19 étapes, imaginées par Virginie Lemoyne et mises en scène par une agence anglaise, des vignes défilent sur grand écran: Lavaux sous la neige, en alternance avec le vignoble des contreforts du Fuji-Yama, de Tokay ou de la Valle del Equi chilienne. Puis on passe au «terroir», où des experts parlent de leur région: la première exposition thématique consacrée à une région viticole (deux par an!) s’ouvrira, début 2017, par la Géorgie. Sur le parcours, deux œnologues défendent des visions radicalement différentes, l’un de la tradition du plus vieux vin du monde, en jarre, l’autre du potentiel vitivinicole du pays à l’ère moderne.

Tchatche bachique à la française

 
On peut s’enfiler dans un labyrinthe historique, présenté en scaynètes sous verre, ou guigner les nouvelles pratiques œnologiques, avec une série de petits commentaires concis (pas plus d’une minute). Sur un écran, le comédien Pierre Arditi se retrouve dans un improbable banquet où têtes couronnées et personnages historiques évoquent le vin à leur époque, dirigés par un Hitchcock virtuel et lunaire. Dans un large fauteuil, comme à table dans un simulacre de service interactif, on peut dialoguer avec des experts. Mais je ne saurai rien de ce que pense le «flying winemaker» Michel Rolland des grands concours internationaux: je me suis mélangé les doigts sur la console tactile qui pédale dans le vide… La tchatche française autour du vin fait merveille, traduite dans une douzaine de langues, grâce au casque. Puis on se retrouve dans un cinéma, collé au siège pour un film d’animation sur les fameux «vins de retour», qui faisaient le tour du monde sur des voiliers. Quelques étapes encore et j’y aurai passé trois bonnes heures, alors qu’il y a plus de dix heures d’audio disponible!

Un petit verre pour terminer


Il est temps d’aller déguster un petit verre (gratis, mais pas possible d’en commander un autre payant) sur un choix de vingt références mondiales (ce matin-là, des chasselas de La Côte vaudoise dans le panel) au 8e étage, sous les culs de bouteilles du bar Le Belvédère, avec passerelles à l’air libre sur la ville de Bordeaux… Un restaurant au 7e étage, déjà pris d’assaut, un snack-terrasse au rez, un bar à vins et une vinothèque avec 12’000 bouteilles «à emporter» exposées en ellipse (l’écran tactile a de la peine à suivre: il y a bien plus de vins suisses que ne le montre le tableau!) complètent ce qui est, sans conteste, la meilleure manière de découvrir l’univers du vin. Et la plus contemporaine, jusqu’à nouvel avis. Bordeaux y a mis le paquet: 81 millions d’euros. Et soigné de surcroît l’emballage.


Pierre Thomas, de retour de bordeaux

Davantage d’informations:
<link http: www.laciteduvin.com>www.laciteduvin.com