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Aligro tient le cap et soutient ses partenaires

En dépit de la crise du coronavirus, l’enseigne a maintenu ses ventes à un niveau satisfaisant. Mais elle s’engage pour que la branche puisse vite renouer avec son activité et se préparer à la saison estivale.

A la suite de l’opération de croissance externe réalisée en 2017 sur l’enseigne Cash + Carry Anghern, Aligro compte 14 points de vente répartis sur tout le territoire – ici le marché de Rapperswil (SG), rénové en 2019. (DR)

A l’entrée du magasin, un collaborateur avec masque et gants filtre les entrées. Il s’assure que chaque client est muni d’un chariot et d’un ticket, afin de garantir les distances de sécurité et savoir combien de personnes sont à l’intérieur. Nous sommes à Chavannes-près-Renens (VD), mais le dispositif est le même dans les treize autres points de vente de Aligro, répartis dans toute la Suisse. Dominique Demaurex, qui dirige l’entreprise avec son frère Etienne, après qu’ils ont repris en 1997 l’affaire de leur père, accueille le visiteur à la réception, puis le conduit dans les bureaux à l’étage. A la cafétéria du personnel, comme dans les couloirs, les recommandations de l’OFSP sont devenues un réflexe, presque une seconde nature, comme dans toutes les entreprises du pays.  

Le Conseil fédéral interpelé 

Malgré le contexte, l’atmosphère n’a ici rien d’anxiogène. S’il a été pris de court comme tout le monde par la rapidité avec laquelle le Covid-19 a chamboulé les habitudes des Suisses, Dominique Demaurex a choisi de rester positif. «Nous sommes face à une situation totalement inédite et les mesures prises pour éviter l’engorgement du système hospitalier ont porté leurs fruits, ce dont nous pouvons nous réjouir. Maintenant, il est toutefois important de montrer à toutes les PME durement touchées qu’une issue à cette crise se profile.» Ce n’est donc pas un hasard si la direction de l’entreprise qui emploie plus de 1000 collaborateurs dans tout le pays est intervenue à deux reprises auprès du Conseil fédéral pour défendre l’idée d’une réouverture des établissements de l’hôtellerie-restauration. «Sans perspective claire, la situation serait vite devenue intenable. Les restaurateurs doivent pouvoir renouer aussi vite que possible avec leur activité, il en va de leur survie», analyse celui qui a la responsabilité des achats, des ventes et du développement.

 «La situation serait devenue intenable sans perspective claire» 
 

Mercredi dernier, le Conseil fédéral a donné son feu vert pour une réouverture sous conditions le 11 mai. Un pas dans la bonne direction, selon Dominique Demaurex, en contact régulier avec les restaurateurs qui représentent sa clientèle principale, ainsi qu’avec les organisations professionnelles, dont il partageait le souhait que les indemnités pour réduction de l’horaire de travail puissent continuer à être perçues. «Tous les gens ne vont pas forcément retourner d’un coup au restaurant, il faut donc que la transition soit aussi harmonieuse que possible.»  

Sauver la saison estivale 

Derrière sa volonté de voir l’activité relancée sans délai mais dans le respect des prescriptions sanitaires se cache un secret espoir. Celui d’une saison estivale au cours de laquelle les professionnels pourraient revenir à un niveau d’activité satisfaisant. «L’idéal serait que les restaurants aient le temps de se familiariser avec les nouvelles règles, forcément contraignantes, avant la belle saison, pour qu’ils puissent sauver une partie de l’année», analyse Dominique Demaurex. 

Son pronostic? Les Suisses passeront leurs vacances dans le pays et redonneront un peu d’espoir à une branche durement frappée par le Covid-19. A titre personnel, il a depuis longtemps pris l’habitude de visiter en été les différentes régions de Suisse, avec une préférence marquée pour les régions de montagne. Cette année, on le retrouvera donc en famille sur les crêtes et les alpages helvétiques, là où il espère croiser de nombreux compatriotes.  

Dominique Demaurex a néanmoins conscience que les prochaines semaines seront décisives. Non pas tant pour la marche de ses affaires que pour la pérennité de la branche: «Depuis la fermeture à mi-mars des établissements publics, Aligro est parvenu à maintenir ses ventes à un niveau satisfaisant. A cela, deux raisons principales: d’une part, les détaillants et autres boulangers et épiciers continuent à s’approvisionner chez nous, tout comme les opérateurs de la restauration collective; d’autre part, nos marchés de gros sont depuis toujours ouverts à la clientèle privée, qui constituent d’ordinaire un quart des ventes, et dont les parts de marché ont augmenté ces dernières semaines.»

Les avantages de l’accès au public 

A propos de la clientèle privée, Dominique Demaurex relève d’ailleurs qu’elle a sans doute permis de sauver les points de vente alémaniques – ceux rachetés à Cash + Carry Anghern lors de l’opération de croissance externe réalisée à l’automne 2017 – d’une mort certaine. «Avant la reprise, ils étaient fermés au grand public. Or, depuis, un an et demi, nous les avons ouverts à tous, ce qui nous a permis de réaliser des ventes satisfaisantes en dépit de la crise du coronavirus», explique Dominique Demaurex, tout en précisant que la clientèle privée recèle encore outre-Sarine un grand potentiel de croissance.  «De leur côté, les professionnels commencent aussi à comprendre qu’il y a un certain nombre d’avantages à ce que nos marchés soient ouverts à monsieur et madame Tout-le-Monde: l’assortiment est plus riche et la rotation des stocks plus rapide, ce qui est l’assurance de produits toujours frais.»

Quant à la question des disparités régionales, à savoir la différence de perception de la situation sanitaire entre les Romands et les Alémaniques, Dominique Demaurex l’observe d’un point de vue privilégié. Depuis août 2018, il s’est installé avec son épouse en Suisse centrale, où ses enfants sont scolarisés. «Il y a plus de monde dans les gares outre-Sarine, où la pandémie a été moins virulente, ce qui explique que l’état d’esprit soit globalement plus enjoué. Mais la Suisse romande a énormément de ressources et nous sentons au sein de nos équipes que les inquiétudes qui ont pu éclore au début de la pandémie sont en train de se dissiper. Nous faisons en tous les cas en sorte de rassurer tout 
le monde.»  

(Patrick Claudet)