Personnalité charismatique, la cheffe était la meilleure ambassadrice du Pérou à Genève, où elle tenait le Pachacamac.
Pousser la porte de son établissement genevois était un voyage en soi, du décor à l’assiette; on aimait le ceviche, les parfums de citron vert et de coriandre, le tiradito aux couleurs explosives du rocoto et du piment amarillo, cet art de marier produits locaux et répertoire péruvien. On aimait plus encore sa personnalité lumineuse, sa générosité, son rire clair. Son incroyable et créative fratrie, sa bande de potes des chefs Goutatoo.
Cecilia Zapata nous a quittés le 11 août dernier et elle manque déjà à tous ceux qui la connaissaient. Elle a combattu avec courage un cancer ces dernières années, sans renoncer à faire des projets, en ouvrant notamment un nouveau lieu à Nyon l’an dernier. Ses filles et son beaufils ont repris la gestion du Pachacamac et poursuivent l’aventure, comme elle le souhaitait, indique le communiqué annonçant son décès.
Les hasards de la vie avaient amené Cecilia en Suisse en 2005; cette entrepreneuse dans l’âme commence par créer un modeste service traiteur à la route de Frontenex. Un succès qu’elle convertira en un premier restaurant proche de la gare, logiquement baptisé Pachacamac. C’est à Pachacamac en effet, non loin du fameux site archéologique, à une heure de Lima, que ses parents avaient eux-mêmes ouvert un restaurant, où elle donnait des coups de main.
Troisième d’une fratrie de neuf enfants, Cecilia se rêvait architecte mais fera des études de comptabilité, loin d’imaginer se retrouver un jour en cuisine. Cecilia n’a cessé, entretemps, de parfaire sa formation à Lima, Paris ou en Amazonie, de chercher à en savoir plus sur les ingrédients et les saveurs de ses origines, sur les techniques, traditionnelles ou contemporaines de cette cuisine qu’elle décrivait comme «une explosion de saveurs et de couleurs». Et de les revisiter avec une part de nostalgie, mais surtout une vraie fierté de raconter son pays.
(Véronique Zbinden)