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De l’écriture à Internet, l’éternel défi de la nouveauté

Quel impact ont les nouvelles technologies sur la génération Z? Une étude mandatée par Swiss Education Group s’est penchée sur la question.

Mieux gérer les outils technologiques pour ne pas en dépendre. (Unsplash)

L’éclosion de nouvelles technologies a de tout temps suscité sinon des inquiétudes, du moins des interrogations. En son temps, Socrate voyait d’un mauvais œil l’écriture qu’il suspectait de favoriser l’oubli plutôt que de l’éviter. Bien plus tard, une fois la tradition de l’imprimerie bien ancrée dans la société, le roman a été accusé de tous les maux au XIXe siècle sous prétexte qu’il soustrayait le lecteur à la réalité, tandis que le cinéma des premiers temps, emblématique pour beaucoup de la frénésie des temps modernes, était jugé dangereux pour les femmes et les enfants. Quant à la radio et à la télévision, elles ont elles aussi été pointées du doigt dès leur apparition, avant que l’opprobre ne soit jeté plus récemment sur les jeux vidéos et les nouvelles technologies. Ces dernières sont d’ailleurs en train de devenir un sujet d’étude privilégié pour de nombreux chercheurs, à l’instar d’Alexandra Broennimann, experte en comportement des consommateurs et directrice de No Square Design Sàrl. Après avoir dressé le portrait de la génération Z, soit des jeunes nés à partir de 1995 et qui représenteront plus de 20% des actifs en 2019, Alexandra Broennimann s’est ainsi attachée à décrire l’impact des nouvelles technologies et autres réseaux sociaux sur la santé des digital natives lors de la seconde partie de son étude présentée la semaine dernière en marge de l’International Recruitment Forum, organisé à Montreux par Swiss Education Group.

Plasticité neuronale en question

Elle-même issue de la génération Y, associée à ceux que l’on nomme souvent les millennials (1981- 1994), Alexandra Broennimann dissipe d’emblée un malentendu: «Sous prétexte que l’on s’intéresse à l’impact des nouvelles technologies, on est souvent taxé de technophobe. Or, il devrait être possible d’évoquer l’impact de ces nouveaux outils sur nos vies sans que l’on nous colle une étiquette.» Et la chercheuse de convoquer la métaphore du soleil, source de toute vie, mais qui peut aussi brûler et tuer si l’on ne prend pas certaines précautions.

Son credo? Faire en sorte que la génération Z et toutes les autres ne subissent pas la technologie, mais apprennent à l’utiliser en en réduisant les dangers. Car si les avantages sont nombreux (réseautage, communication en temps réel, accès instantané et illimité à l’information, etc.), les dangers le sont tout autant. «Les téléphones mobiles émettent des radiations qui poussent les fabricants à en déconseiller l’utilisation au contact de la peau, tout en causant des douleurs à la nuque et en favorisant le développement de la myopie. Par ailleurs, l’utilisation de cet outil que les jeunes considèrent comme une extension d’eux-mêmes a un impact sur l’hippocampe et la plasticité neuronale.» Son inquiétude concerne à ce propos les jeunes enfants, à qui les parents s’empressent parfois un peu vite d’offrir un téléphone ou une tablette. «C’est un moyen très pratique d’occuper sa progéniture, en particulier au restaurant, et parfois la dimension éducative est mise en avant par les parents. Mais quand on se réjouit qu’un enfant puisse lire dès l’âge de trois ans grâce à une application, on oublie qu’à cet âge-là les petits doivent en priorité explorer le monde en trois dimensions qui les entoure.» A l’âge adulte, le danger est de se construire une vie parallèle dans l’espace virtuel, là où chacun a la possibilité de s’imaginer et de se présenter plus grand, plus beau et plus intelligent qu’il ne l’est. «Le téléphone devient alors une porte d’entrée vers le cyberespace. D’où de fréquents troubles cognitifs qui s’expliquent par le fait que le cerveau n’est pas utilisé de la manière qu’il devrait, ce qui perturbe l’hippocampe qui gère notamment les émotions et l’orientation dans l’espace.»

Sur la base des conclusions de son étude, Alexandra Broennimann livre un certain nombre de recommandations. L’une des premières, et sans doute la plus facilement applicable, est le recours plus systématique à l’écriture manuscrite. «Le fait d’écrire à la main apporte les mêmes bienfaits qu’un massage. C’est pourquoi la prise de note manuelle est l’un des 30 conseils que je donne dans le cadre d’une hygiène virtuelle qui devrait s’appliquer à tous.» Figure aussi dans la liste la recommandation de mettre son téléphone sous silence la nuit et de l’éloigner de la table quand on mange. Une manière de vivre en harmonie avec la technologie, et d’en faire une compagne aussi inoffensive que l’écriture ne l’est devenue, n’en déplaise à Platon.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.swisseducation.com