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Le Beaujolais sur le point de refleurir

A la veille de la décision prise par les vignerons de Fleurie de présenter un dossier de 1ers crus à l’Institut national de l’origine et de la qualité, ils faisaient déguster leurs vins à l’Ecole hôtelière de Lausanne.

  • Les 40,5 ha de La Chapelle des Bois figurent dans la liste des sept Premiers Crus de Fleurie. (Photos Fabrice Ferrer)
  • Issus de sols profonds des Moriers, les vins solides bientôt dans les 1ers Crus de Fleurie.

Dans le Beaujolais, les choses bougent. Si, l’an passé, la région a encore perdu 600 ha de vignes, comme le rappelle l’excellent magazine Bourgogne Aujourd’hui dans son édition no 170, qui vient de paraître, plusieurs dossiers de «montée en gamme avancent». De dix, les crus devraient passer à onze, avec l’ajout du village de Lantignié (près de Régnié), le premier aussi en blanc (moins de 4 % des vins du Beaujolais), et les Pierres Dorées, terroir reconnu, pourraient avoir droit à une mention complémentaire.

Au total, sur 12 517 ha, près de la moitié du vignoble est classé en cru, un quart en Beaujolais-Villages, et le dernier gros quart en simple AOP Beaujolais. Au plus haut niveau, le cru Fleurie vise la promotion de sept de ses 48 lieux-dits répertoriés en 1er Cru. La démarche pourrait aboutir d’ici cinq à dix ans, si l’on se réfère à Pouilly-Fuissé où 22 climats viennent d’être classés 1ers crus, sur 194 ha, soit 24 % de l’appellation.

Le gamay remis au goût du jour

Sur les hauts de Lausanne, Sylvain Paturaux, qui a repris le Domaine des 2 Fontaines il y a deux ans, a rappelé que sur les 800 ha de Fleurie, il y a 250 déclarants de récolte, mais 70 élaborateurs de vins. Naguère, la Suisse fut un important débouché du Beaujolais, souvent livrés en vrac à des embouteilleurs. Fleurie écoula jusqu’à 40 % de ses vins en Suisse, qui s’est détournée du Beaujolais, et du gamay, considéré comme la base la moins intéressante du pinot-gamay vaudois ou de la dôle valaisanne. Mais, on le constate aussi sur les bords du Léman et en Valais, le gamay est loin d’avoir dit son dernier mot: il résiste mieux au réchauffement climatique que le pinot noir! Et permet des vinifications diverses et variées.

Fleurieespère obtenir sept 1ers Crus d’ici 10 ans

Ainsi, à Fleurie, on va du vin quasi nature, de la macération semi-carbonique, à la vinification à la bourguignonne. Dans le discours, l’utilisation modérée du soufre (SO2) reste un cheval de bataille.

L’«effet millésime» n’est pas insensible, au contraire, sur des gamays, très fruités et juteux en 2021, plus costauds, voire lourds, en 2020. Chez le jeune Guillaume Chanudet, qui ne commercialise que 15 000 bouteilles tirés de ses 7 ha, le discours est franc: «Je vinifie en grappes entières et en levures indigènes. Il y a presque un mois de décalage entre les vendanges de 2021, à fin septembre, et celles de 2022, début septembre. Si la sélection des plants, massale chez moi, est bonne, le gamay s’adapte à ces chan-gements. Le gamay aime souf-frir», raconte celui qui est aussi pépiniériste.

Des crus entre 10 et 50 euros

Le passage aux 1ers crus devrait clarifier deux éléments. D’abord le potentiel d’évolution dans le temps des vins. Souvent, les producteurs plaident le grand écart : «Vous pouvez le boire jeune, mais vous pouvez aussi le garder longtemps». Ensuite, même éventail largement ouvert pour les prix: de 10 à 50 euros la bouteille! Tous n’ont pas la modestie du Clos de la Roilette, candidat au 1er cru, sur 9 ha, voisin de Moulin-à-Vent, exprime bien le «style Fleurie» traditionnel, en macération semi-carbonique, frais et fruité, où l’acidité rapicolante et la «minéralité» sont bien balancées, dans la cuvée générique (10,70 euros) comme dans la «cuvée tardive» (15 euros), les deux du millésime 2021. Un grand classique du cru qui passe pour le plus aérien du Beaujolais.

(Pierre Thomas)


Davantage d'informations:

destination-beaujolais.com/fleurie.html