Dans le cadre du forum HGU Focus organisé le 2 septembre à Lausanne, Daniel Charbonnier évoquera les enjeux liés aux nouvelles générations, qui sont à la fois les nouveaux employés et les nouveaux clients.
Cesser de se prendre pour référence: c’est le premier conseil que Daniel Charbonnier donne aux professionnels qui s’adressent à lui. Avec son épouse, il a fondé en 2007 Minds in Motion SA, une société de conseils et de services spécialisée dans l’hôtellerie et le tourisme. Parmi les prestations à disposition des entreprises basées aussi bien en Suisse qu’à l’étranger figurent notamment l’accompagnement stratégique, la gestion de l’expérience client, le coaching et la formation. Son intervention lors du forum HGU Focus, mis sur pied par Hotel & Gastro Union (inscription via le lien ci-contre), portera sur les générations Z et Alpha, qui englobent les personnes nées respectivement de 1995 à 2009 et de 2010 à 2023.
Se prendre pour référence? C’est le réflexe des générations précédentes (babyboomers, X, Y) quand ils sont confrontés à la relève. «Or, c’est le meilleur moyen de s’enfermer dans les stéréotypes et de s’aliéner les générations Z et Alpha, qui ne représentent pas seulement les nouveaux employés, mais aussi les nouveaux clients de l’hôtellerie-restauration», relève Daniel Charbonnier.
L’enjeu est d’autant plus important que, pour la première fois de l’histoire, cinq générations travaillent côte à côte. «Du propriétaire de l’établissement à l’apprenti, il y a en effet une grande diversité en termes d’âge au sein des équipes. Cela s’explique en partie par le raccourcissement des catégories générationnelles. La preuve: nous sommes passés à la Bêta, dont l’éclosion coïncide avec l’essor des agents conversationnels basés sur l’intelligence artificielle.»
Lui-même représentant de la génération X (1965–1980), Daniel Charbonnier cite fréquemment l’exemple du fax pour illustrer la vitesse avec laquelle la technologie évolue, et mesurer son impact sur nos vies. «Quand je demande à des adolescents d’estimer la période à laquelle le fax était considéré comme le summum de la technologie, ils évoquent la Seconde-Guerre mondiale, voire l’entre-deux-guerres. C’est dire à quel point nous peinons à réaliser le décalage qui existe entre les aînés et les jeunes générations.»
De nombreux facteurs socioculturels, politiques, économiques et écologiques expliquent selon lui l’évolution rapide des mentalités, le tout sur fond de révolution technologique symbolisée par l’apparition des smartphones, avec à la clé un nouveau rapport au travail. «Il suffit de voir le regard interrogateur des jeunes quand nous leur exposons notre vision de la carrière ou de la loyauté vis-à-vis d’un employeur pour saisir l’ampleur du phénomène. Mais y a-t-il un mal à exiger un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée?»
Face à la complexité des enjeux sociétaux et générationnels, comment procéder? Daniel Charbonnier, on l’a compris, prône le dialogue intergénérationnel, mais aussi la réévaluation de l’ensemble des pratiques. «Oui, c’est une thématique tentaculaire, car elle a des répercutions au niveau du recrutement, de l’entretien d’embauche, de la formation et de l’intégration des jeunes au sein des entreprises. Mais le jeu en vaut la chandelle, car on réalise en fin de compte que les nouvelles générations sont tout autant motivées et performantes que les précédentes.»
(Patrick Claudet)