Depuis sa réouverture l’automne dernier, le Neues Schloss Privat Hotel – autrefois le plus petit Sheraton du monde – rend hommage au Bauhaus à travers une esthétique aussi rétro que chaleureuse.
Depuis près d’un siècle, l’établissement dirigé par Mauro Cerutti occupe une place à part dans le verdoyant quartier d’Enge, près du lac de Zurich. Il est pourtant si discret qu’un promeneur déambulant sur la Stockerstrasse aurait toutes les chances de passer devant l’hôtel bâti dans les années 1930, en pleine période Bauhaus, sans s’en rendre compte. Et les entreprises cherchant à organiser un congrès seraient, elles, bien en peine d’y trouver une salle de conférence pouvant réunir quelques dizaines de personnes. «Nous sommes un cinq-étoiles de poche et l’intimité que nous offrons séduit une clientèle pour qui le luxe n’a pas à être forcément ostentatoire», lance son directeur général, aussi à la tête du Sheraton Zurich Hotel.
Mauro Cerutti, Italien d’origine, et dont la carrière hôtelière a démarré en Allemagne en qualité de bagagiste, a une affection particulière pour cet établissement placé sous l’égide de Marriott (pour qui il travaille depuis 25 ans) et rattaché à l’Autograph Collection, synonyme d’hôtels-boutiques au charme singulier. «D’une part, j’étais son directeur lorsqu’il était encore exploité sous l’enseigne Sheraton, dont il était avec 61 chambres la plus petite unité du monde. D’autre part, j’ai été impliqué dans les travaux de rénovation entrepris durant la pandémie, et qui ont débouché sur une réouverture remarquée l’automne dernier», explique celui qui a aussi été en poste à Toulouse et Nice.
La rénovation? Un vaste chantier qui a profondément remodelé la bâtisse, dont l’héritage Art déco a été sublimé par le bureau d’architecture Carbone Design. Dans les espaces communs et les 57 chambres, les matériaux ont été savamment mélangés (chêne foncé, cuir, pierre, métal, etc.) et les œuvres d’art disposées dans chaque recoin, comme pour imprimer aux lieux une touche personnelle. Ce sentiment d’intimité, on le ressent d’ailleurs dès l’entrée dans le lobby, de taille modeste et accessible par le couloir bordé de tentures qui mène à la réception. Là, aucun gigantisme: les équipes, parmi lesquelles évolue la cheffe concierge Mr*s Castellan dont l’uniforme est signé par les stylistes zurichois Elena Bassi et Leon Goodall, accueillent les hôtes dans un cadre cosy et sans formalisme outrancier. «Notre clientèle, aussi bien leisure que d’affaires, apprécie cette approche à la fois attentionnée et décontractée. C’est ce qui nous distingue des autres cinq-étoiles.»
En outre, l’hôtel dispose avec le Castellan’s d’une offre culinaire de saison aux saveurs méditerranéennes. Le chef Yves Nussbaum, à peine 30 ans, y accueille aussi bien les résidents de l’hôtel que les locaux, dont l’importante communauté d’affaires gravitant dans le quartier. A la carte? Par exemple, un sandre poché avec ratatouille et olives, ou un carré d’agneau en croûte d’herbes avec polenta, sans oublier les tapas fleurant bon le Sud.
(Patrick Claudet)