Depuis la création de Afrik Festifood en 2020, Angèle Monteleone participe à la promotion en Suisse romande des cuisines africaines, dont la diversité est cette année célébrée par un quatuor féminin.
L’un de mes premiers objectifs était de faire découvrir à mon pays d’accueil, la Suisse, les saveurs et les produits d’Afrique, et ce dans un cadre convivial favorisant les échanges. Nous avons eu la chance de pouvoir organiser la toute première édition avant le semi-confinement, ce qui a permis d’instituer dès 2020 le principe d’un événement annuel.
Les cuisines africaines gagnent en popularité, et les hommes et les femmes qui en proposent une interprétation personnelle sont aussi toujours plus valorisés. Cela passe non seulement par l’attribution d’étoiles à des chefs afrodescendants, mais aussi à leur présence sur les réseaux sociaux et dans les médias. La curiosité des gastronomes est elle aussi à souligner, eux qui sont plus intéressés que jamais à l’idée de découvrir de nouvelles saveurs.
Il a d’abord fallu rappeler que le terme de «cuisine africaine», souvent employé par le passé, est une forme de non-sens. C’est un peu comme si l’on parlait de «cuisine européenne» sans tenir compte des différences qu’il peut y avoir entre les gastronomies française, italienne et espagnole, par exemple. En ce sens, Afrik Festifood a permis de faire découvrir l’incroyable richesse des cuisines africaines, qu’elle soit d’inspiration camerounaise, à l’instar de celle de Christian Abégan, notre premier parrain en 2020, ou marocaine, si l’on pense aux créations d’Aissam Ait Ouakrim.
Dès le début, nous avons prôné la mixité parmi les participants au festival. Cette année, le souhait était effectivement de promouvoir un quatuor féminin pour montrer l’importance grandissante des femmes dans les cuisines afrodescendantes. Le premier critère a été celui de l’excellence, qui s’exprime notamment par la formation et l’approche en termes de technique et de créativité.
Le menu de sept plats que les quatre cheffes réaliseront ensemble est en cours de finalisation, il est donc prématuré d’en parler, sans compter que l’effet de surprise est l’un des charmes de nos dîners de gala. Toutefois, on peut souligner l’importance de la notion de fusion, dans le sens où elle est le reflet du parcours de toutes les cheffes participant à l’événement, elles qui se sont formées en France sans pour autant renier leur héritage culinaire afrodescendant. Tout cela se traduit par une grande richesse gustative.
(rires) Je ne suis peut-être pas la plus qualifiée dans ce domaine, mais je trouve que le yassa, une sauce à base d’oignons frits, se mélange très bien au tofu déshydraté, et que le poivre de Penja s’accorde à merveille avec de nombreuses viandes.
(Propos recueillis par Patrick Claudet)
L’édition 2024 de ce rendez-vous gourmand au casting entièrement féminin – une première – prendra la forme d’un dîner de gala organisé à l’hôtel Marriott de Genève, où sera servi un menu de sept plats mariant les produits du terroir afrodescendant et du terroir helvétique. A l’instar des précédentes années, les quatre cheffes invitées élaboreront ensemble les différents plats, afin de proposer une série de créations inédites. Le casting? La marraine est la cheffe d’origine gabonaise Anto Cocagne, formée en France, notamment à la Grande école hôtelière Ferrandi à Paris, et autrice d’une cuisine minimaliste aux influences à la fois françaises et africaines. Née à Casablanca, au Maroc, la cheffe pâtissière Aya Belkahia s’est, elle, formée à l’institut Le Cordon Bleu Paris, avant de travailler auprès de plusieurs MOF et de proposer, dès 2013, sa pâtisserie tout en finesse dans sa ville natale. De son côté, la cheffe Ker Astou, d’origine sénégalaise et vietnamienne, a appris le métier auprès de chefs renommés tels que Thierry Marx et Eric Mignard, puis dans d’autres brigades étoilées, avant de développer une cuisine fusion à Pornichet. Enfin, la cheffe Ahlem Nguili, d’origine tunisienne et née à Paris, est venue à la cuisine après une première vie de juriste, pratiquant d’abord le métier en autodidacte puis se formant au Lycée des métiers de l’hôtellerie Jean Drouant à Paris. Les places se réservent en ligne (afrikfestifood.com), et, au cours de la soirée, plusieurs intermèdes (notamment musicaux) sont prévus. (pcl)
Davantage d'information: afrikfestifood.com