Récompensé par les Trois Clefs Michelin, l’Alpina Gstaad réaffirme son attachement au terroir et dévoile une offre de restauration repensée.
Dans une interview récente accordée au magazine Bilan, Marcel Bach, surnommé le «roi de Gstaad», revient sur son lien profond avec ce village de l’Oberland bernois. Fils d’agriculteur devenu promoteur immobilier et copropriétaire de plusieurs établissements, il raconte avoir débuté sa carrière en coupant du bois et en travaillant à la ferme, avant d’effectuer un apprentissage à l’école d’agriculture de Crissier. S’il prépare aujourd’hui de nombreux projets ambitieux dans la région, notamment à Saanen et aux Diablerets, il revendique toujours son ancrage terrien. A l’Alpina Gstaad, le cinq-étoiles qu’il possède avec Jean-Claude Mimran, cette approche s’illustre par un équilibre subtil entre le luxe propre aux hôtels de cette catégorie et l’utilisation de matériaux upcyclés, à l’instar des poutres et planches récupérées dans d’anciens chalets alpins, et dont l’élément le plus saillant est la fresque ornant le plafond du hall principal, constituée de 32 panneaux de bois découverts dans une vieille ferme.
Ce lien avec ces terres qui l’ont vu naître s’incarne également dans le choix de Nadine Friedli pour diriger l’établissement. Bernoise d’origine et titulaire d’un diplôme fédéral en hôtellerie-restauration HF et d’un Bachelor of Arts in Business Administration, elle a succédé en mars dernier à Tim Weiland à la direction générale de l’Alpina Gstaad. Dès son entrée en fonction (voir HGH n° 16/2024), elle disait vouloir faire de l’allongement de la durée de séjour des hôtes estivaux l’une de ses priorités. Mission accomplie? «Nous avons connu l’été dernier notre meilleure saison estivale. Les clients, majoritairement suisses et européens, apprécient la fraîcheur de la montagne, où il fait généralement trois degrés de moins qu’en plaine. Ce succès se confirme avec des réservations anticipées pour l’été prochain.»
L’autre grand chantier, dévoilé au début de la saison hivernale, concerne l’évolution de l’offre culinaire. L’espace occupé jusque-là par le restaurant Sommet by Martin Göschel (18/20, 1 étoile) a été scindé en deux: le gastronomique Martin Göschel et le bistronomique Monti. «Monti est né du constat qu’il manquait un restaurant intermédiaire entre le lobby bar et la table étoilée», explique Nadine Friedli. Avec sa prédominance de bois et ses tons neutres, Monti mise sur la convivialité et valorise le service en salle à travers la présentation des pièces de viande sur un chariot réfrigéré, le filetage de poisson, la découpe de viande ou le flambage devant les clients. L’identité visuelle, conçue par Alexander Kellas, célèbre pour ses projets au Château Marmont et au Cipriani, entre autres, intègre des motifs et illustrations inspirés du Saanenland, à la manière d’un hommage à la région, toujours elle. Quant au Martin Göschel, le chef exécutif éponyme, qui utilise seulement des protéines suisses depuis 2023, y propose une cuisine de saison concoctée avec des produits de la région ou sourcés en Suisse, à l’instar de la caille de Gstaad ou du saumon des Grisons.
Parmi les récents accomplissements figure encore l’obtention des Trois Clefs Michelin. «Nous sommes l’un des rares établissements suisses à les avoir décrochées, c’est une source de satisfaction», souligne Nadine Friedli. Déjà bien placé dans de nombreux classements prestigieux (Bilanz, Karl Wild Rating, etc.), l’hôtel nourrit désormais des ambitions internationales. Et pourquoi pas une entrée dans le classement des World’s 50 Best? « C’est une perspective dont nous serions fiers», conclut-elle.
(Patrick Claudet)
En poste depuis mars 2024, la Bernoise Nadine Friedli se félicite de l’allongement de la durée de séjour des hôtes durant l’été.