Emilie Oberson vient d’être élue au comité de Hotel & Gastro Union Romandie. Technologue en agroalimentaire de formation, elle nourrit une passion forte pour l’univers du café.
Longtemps, elle n’a bu que du thé, mais, enfant, elle observait sa mère avec un mélange de fascination et de curiosité tandis qu’elle tirait les cafés dans la boulangerie-pâtisserie-confiserie familiale, là où son père travaillait au laboratoire. De cette époque lui revient aussi l’image de la patente accrochée au mur de l’établissement ouvert six jours par semaine, qu’elle lorgnait avec de grands yeux. Sans qu’elle en ait eu tout de suite conscience, cette configuration initiale – complétée par les heures passées auprès de sa grand-mère, qui l’a initiée aux produits régionaux et de saison – a modelé en profondeur ses inclinations personnelles et guidé ses pas dans le monde professionnel. A 16 ans, elle opte néanmoins pour un CFC de technologue en denrées alimentaires sans trop savoir ce qui l’attend. «Dans le système actuel, on demande aux jeunes de choisir une profession relativement tôt, ce qui n’est pas toujours aisé», relève la native de Vevey.
Pendant sa formation initiale chez Nestlé, à mesure qu’elle s’initie progressivement au monde du chocolat chez Cailler, à Broc (FR), elle réalise qu’elle a fait le bon choix. Oubliées, ses velléités de devenir employée de commerce ou automaticienne (deux filières auxquelles elle a un temps songé), place à la découverte d’un univers de saveurs qu’elle n’a depuis plus quitté. Dans la foulée de son CFC, encouragée par son père à poursuivre sa formation, elle décroche un diplôme ES de technicienne en agroalimentaire. Grâce à ses compétences élargies, elle occupe un poste de cheffe d’équipe chez Micarna. «A mes débuts dans la filière volaille, j’ai passé par tous les postes, de l’abattage à la découpe, en passant par l’éviscération. Par la suite, je me suis chargée des commandes et des ordres de production, ainsi que de la formation des temporaires.»
La prochaine étape de son parcours passe par Romont (FR), où elle intègre en 2014 Nespresso, à un moment où elle n’a encore jamais bu un seul café de sa vie. «C’est tout le paradoxe et l’histoire est d’autant plus belle que dès l’instant où je me suis lancée dans l’analyse sensorielle en formant notamment un panel de dégustateurs, j’ai eu une sorte de révélation. La richesse et la complexité aromatique du café m’ont embarquée dans un voyage fascinant et sans retour possible», explique-t-elle. Durant trois ans, elle apprivoise le breuvage que sa mère a toujours bu en grande quantité, mais auquel elle avait jusqu’alors résisté, s’initiant aux questions complexes de sécurité alimentaire et du personnel. En 2017, soucieuse d’accroître encore ses connaissances, elle rejoint le Nestlé Institute of Health Sciences sur le site de l’EPFL, à Ecublens (VD). Là, elle participe entre autres à la mise en place de différents processus de qualité, tout en sentant pointer en elle le désir d’explorer de nouveaux horizons.
Cette réflexion personnelle coïncide avec une chute en montagne qui l’incite à repenser au sens qu’elle entend donner à sa vie. Réminiscence de l’époque où elle était dans les jupes de sa mère? Elle s’embarque dans une patente – manière d’hommage à celle qui trônait bien en évidence dans la boulangerie de son enfance – et décroche le titre de cheffe d’établissement. Mais elle ressent le besoin de vivre sa nouvelle passion sur le terrain. C’est ainsi qu’elle occupe plusieurs postes de barista, ainsi qu’une fonction de cheffe de rang dans un hôtel cinq-étoiles. Parallèlement, elle suit un cursus axé sur le leadership et effectue plusieurs missions dans le secteur agroalimentaire, non sans caresser progressivement l’idée d’ouvrir un jour son propre établissement, un espace polyvalent qui réunirait ses passions pour le thé, le café, le chocolat et la culture au sens large.
Quant à son engagement au sein de Hotel & Gastro Union, il s’inscrit dans une certaine logique: «Dès mon plus jeune âge, j’ai été active dans la vie associative. Je suis donc heureuse de pouvoir aujourd’hui contribuer à promouvoir l’association et valoriser nos métiers.»
(Patrick Claudet)