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Virgilio Martinez est consacré meilleur chef du monde 2023

Le palmarès des 50 Best fait la part belle au continent latino-américain, à commencer par le créateur de Central, à Lima, chantre de la biodiversité. Le meilleur Helvète demeure Andreas Caminada, désormais au 26e rang.

Créateur de Central, à Lima, Virgilio Martinez, jamais très loin du podium ces dernières années, est consacré meilleur chef du monde 2023. (photo: David Holbrook)

Après une édition londonienne, c’était à Valence et à l’Espagne d’accueillir la 21e soirée de gala des 50 Best, les 50 meilleurs restaurants du monde, mardi 20 juin 2023.

L’académie a pris l’habitude de distiller quelques-unes de ses nominations au cours des semaines précédant le gala lui-même. Ainsi, on connaissait déjà l’identité de la meilleure cheffe du monde (au féminin): Elena Reygadas (Rosetta, Mexico), ex-étudiante en littérature anglaise reconvertie pour revisiter avec passion le patrimoine culinaire amérindien. Meilleure cheffe et pourtant 49e au classement final – bien loin de la parité –, Elena Reygadas donnait néanmoins un avant-goût du palmarès à venir, qui fait la part belle à l’Amérique latine et au monde hispanique.

Basculement vers l’hémisphère sud

Le formidable Virgilio Martinez, jamais très loin du podium ces dernières années, est ainsi consacré meilleur chef du monde 2023. Le chef à l’origine de Central, à Lima, s’est engagé à mettre en lumière son terroir, les traditions des peuples autochtones et les mythologies du lieu, des vallées sacrées des Incas à la moiteur foisonnante de l’Amazonie. Travaillant avec son épouse Pia Leon, il a aussi lancé Mater Iniciativa, programme de recherche sur les espèces endémiques et leur usage traditionnel, que dirige sa sœur Malena et s’affirme comme le champion de la durabilité.

Après la consécration successive de deux Danois (Rene Redzepi, Noma, puis Rasmus Kofoed, Geranium) en 2022, le classement bascule ainsi assez nettement dans l’autre hémisphère. L’Amérique latine voit neuf adresses récompensées, dont deux nouvelles entrées: Kjolle, autre table de Pia Leon, pointe au 28e rang, alors que El Chato (Bogota) est 33e, et que Pia Salazar (Nuema, Quito) rafle par ailleurs le titre de meilleure pâtissière de l’année. Déjà présents dans les listes précédentes, on relève aussi l’irruption de Maido (Lima) au 6e rang, Qintonil (Mexico) au 9e, A Casa do Porco (Sao Paulo) au 12e, Pujol (Mexico) au 13e et Leo (Bogota) au 43e.

Un métissage plutôt réussi

Et le reste du monde? Certains font leur entrée dans la prestigieuse liste, d’autres une remontée spectaculaire, mais on a le sentiment cette année d’un net coup de sac. Les cartes ont été rebattues par les jurés, au profit d’une plus grande mixité, un métissage plutôt réussi, plein d’envies et de curiosités.

Pour rappel, les gagnants des précédents classements sont désormais inéligibles et se contentent d’être appelés pour remettre leurs trophées à la nouvelle garde. Une présence nettement réduite du Nord de l’Europe, du coup, avec la seule présence en vue de Rasmus Munk, cinquième, à la tête du controversé Alchemist, à Copenhague. Un style qui divise toujours, entre ceux qui y voient l’expérience ultime et les autres, qui goûtent peu le côté Disneylandde son show culinaire.

Autres valeurs montantes depuis plusieurs années, le trio à la tête de Disfrutar, à Barcelone, qui talonne désormais Virgilio Martinez au 2e rang, et, juste derrière, les Madrilènes de DiverXo, eux aussi multirécompensés ces dernières années.

Andreas Caminada bien classé

On retrouve avec bonheur Andreas Caminada, seul Helvète du classement, au 26e rang, tandis que la France disparaît ou presque, à l’exception notable de Bruno Verjus (Table, Paris) surgi de nulle part au 10e rang: du jamais-vu pour un nouveau-venu, autodidacte et homme de lettres désormais aussi doublement étoilé au Michelin et auteur de L’Art de nourrir, manière de manifeste poétique.

Aux portes de la Suisse, on voit aussi l’épatant Riccardo Camanini (Lido 84, Gardone Riviera) poursuivre sur sa lancée et se stabiliser au 7e rang. A noter par ailleurs le retour de Gaggan Anand à Bangkok (17e) et la poussée vers le haut de Julien Royer (Odette, à Singapour), 14e et meilleur restaurant d’Asie, également couronné par ses pairs du Chefs Award. Ou encore, pour changer de continent et de palette aromatique, la cuisine d’inspiration coréenne du duo à la tête d’Atomix, à New York.

Autres distinctions, l’Icon Award revient à Andoni Luis Aduriz (Mugaritz) pour l’ensemble de sa carrière, alors que Nora Fitzgerald Belahcen (Amal, Maroc) et Othon Nolasco et Damian Diaz (No Us Without You, Los Angeles), remarquables entrepreneurs sociaux, sont couronnés Champions of Change. Pour mémoire, ce sont 1080 jurés internationaux, critiques et restaurateurs, experts, auteurs, foodies, qui sont à l’origine de ce palmarès; l’académie des 50 Best Restaurants, désormais paritaire, est divisée en 27 régions, chacune disposant de 40 voix.

(Véronique Zbinden)


Davantage d’informations:

https://www.theworlds50best.com/list/1-50