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Docteur Gab’s, pionnier de la microbrasserie

Installée à Puidoux où elle brasse 17 000 hl par an, la PME vaudoise a démarré dans un chalet à Epalinges. Retour sur l’aventure entrepreneuriale de trois amis qui dure depuis 20 ans.

  • Gabriel Hasler, David Paraskevopoulos et Reto Engler en 2021… (DR)
  • … et les mêmes en 2007, quand les trois amis et fondateurs de Docteur Gab’s brassaient encore leur bière artisanale dans un chalet à Epalinges.

Au commencement était un kit de brassage, et le kit de brassage était auprès de Gabriel Hasler. Tel pourrait être l’incipit d’un récit décrivant la genèse de Docteur Gab’s, pionnier de la microbrasserie à une époque où le concept était encore largement méconnu, et véritable success-story vaudoise qui célèbre cette année son vingtième anniversaire. Un kit de brassage donc, et un apprenti brasseur de 16 ans, bientôt rejoint par ses amis et voisins Reto Engler et David Paraskevopoulos, avec lesquels il installe en 2004 un modeste brassin dans un chalet d’Epalinges, visité en son temps par le soussigné, avant de déménager en 2012 à Savigny où l’équipe s’agrandit pour la première fois, et de poser finalement ses cuves en 2018 à Puidoux, où le rutilant outil de production, assorti d’une boutique et d’un espace de dégustation, brassera cette année 17 000 hl d’une dizaine de bières aujourd’hui devenues incontournables.

L’impact du secteur Horeca

Les débuts? Difficiles, si l’on en croit Reto Engler. «La bière, tout le monde connaissait, mais la bière artisanale, c’était un monde inconnu pour la plupart des gens. Nous avons donc pris notre bâton de pèlerin et prêché la bonne parole», se rappelle avec humour le diplômé en sciences et ingénierie de l’environnement de l’EPFL. Son rôle, avec Gabriel et David, issus respectivement de HEC Lausanne et Saint-Gall et de l’EHL: «éduquer» les consommateurs en leur faisant découvrir la diversité et la richesse aromatique des produits issus d’opérateurs locaux.

Cette phase d’évangélisation a été marquée par deux étapes importantes. Le première, qui remonte à 2004, coïncide avec les premières commandes du secteur Horeca. «Cela nous a d’une part permis de constituer un stock, et, d’autre part, de stabiliser la qualité de notre produit.» La seconde est liée à l’avènement d’un trend mondial mais tardif, celui des microbrasseries, qui date de 2015. «D’un coup, nous nous sommes retrouvés face à un grand nombre de concurrents. La surabondance en termes d’offres, si elle s’est doublée d’un essor rapide des commandes, nous a encouragés à questionner notre positionnement.»

Une offre transversale

La suite, c’est le rebranding de la marque, qui survient en 2017. Jusqu’alors, Docteur Gab’s tablait sur son ADN de brasseur artisanal; la marque mise depuis lors sur la figure du fameux «docteur» en privilégiant l’humour, comme lorsque les trois fondateurs ont choisi de baptiser DeLorean la bière des 20 ans, clin d’œil à un film emblématique des années 1980 et de toute une génération. «Parallèlement, nous avons développé une bière blonde légère, grâce à laquelle nous avons été en mesure de concurrencer enfin les grandes enseignes. C’est pourquoi Docteur Gab’s, ce n’est aujourd’hui plus seulement des spécialités avec leurs caractéristiques propres, mais un opérateur capable de répondre à tous les besoins d’un restaurateur.»

Le déménagement en 2018 à Puidoux a permis d’asseoir cette nouvelle réputation, celle d’une PME innovante et polyvalente qui emploie 35 équivalents plein temps et contrôle toute la chaîne de valeur, puisque les livraisons sont effectuées par sa propre flotte de véhicules. Côté produits, plusieurs nouveautés viennent de sortir – dont le hard seltzer Okipic – et d’autres sont en gestation. La messe est dite.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.docteurgabs.ch