La Semaine du Goût, avec Genève pour capitale, se déroule du 16 au 26 septembre, avec le vin suisse comme un des axes de la manifestation.
Et c’était palpable, l’autre lundi, à l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), où le directeur général Michel Rochat accueillait Josef Zisyadis, directeur de la Semaine suisse du Goût, et Philippe Chevrier, chef à multiples adresses genevoises, dont Châteauvieux, doublement étoilé Michelin depuis tout juste trente ans. Les quelques 3000 menus gastronomiques offerts aux jeunes de 16 à 25 ans à un prix d’encouragement par 53 restaurants de tout le pays sont une invitation à découvrir la haute gastronomie.
Parmi ses autres casquettes, à l’instar de la présidence de Vaud Promotion, Michel Rochat est aussi président de l’Office des vins vaudois. Avec Changins, l’EHL a profité du réaménagement de ses abords — un vaste chantier — pour planter de la vigne à 850 m d’altitude, au Chalet-à-Gobet, à côté de ruchers pour un miel EHL: pas plus de 400 pieds, de 13 cépages différents, soit la limite supérieure d’une vigne sans autorisation. Le vin tiré de ces ceps sera vendu au profit des boursiers de l’EHL.
Mais inutile de se presser pour les vendanges: les ceps ont été plantés ce printemps! Par contre, le directeur de Swiss Wine Promotion, Nicolas Joss, a profité de l’occasion pour lancer une nouvelle manifestation qui s’inscrit dans la prolongation de cette 21e Semaine suisse du Goût, une opération «au coeur des vendanges». L’idée vient du Valais, qui l’a expérimenté avec succès deux fois déjà. Samedi 2 octobre, 600 personnes pourront aller manier le sécateur dans les parchets. Une quarantaine de caves de toute la Suisse sont déjà inscrites, dont une vingtaines de valaisannes et une douzaine de vaudoises. Parrain vaudois du Goût, le vigneron de Féchy, Raymond Paccot, observe qu’en cette année marquée par une forte attaque de mildiou, les vignes ne sont pas au meilleur de leur forme. «Le mildiou péjore l’aspect visuel du feuillage et des grappes, avec des raisins séchés côtoyant des baies gorgées de jus. S’il fait beau en septembre, on réussira un très bon millésime. Au contraire d’autres fléaux, comme l’oïdium, le mildiou n’altère pas le goût du moût, puis du vin.»
Le mercredi 15 septembre, c’est la conseillère fédérale Karin Keller-Suter qui ouvrira, par un dîner officiel au Bellevue Palace à Berne, cette 21e édition de la Semaine suisse du Goût. Plus de 3000 événements sont programmés, aux quatre coins de la Suisse, dans les villes et les campagnes, pour tous les publics, de l’école à l’EMS. Quatorze comités de qualité régionaux veillent à la compatibilité de ces événements avec les principes du «plus grand événement suisse du bien manger». Et, rappelle Josef Zisyadis, «60 % des habitants de la planète ont des problèmes d’alimentation: 30 % ne mangent pas à leur faim et 30 % souffrent d’obésité».
Dans le droit-fil de cette problématique sociétale, la Ville de Genève développe depuis longtemps des programmes autour de «l’alimentation durable», en lien avec l’éducation au goût, l’accès démocratique à une nourriture saine, en tenant compte de l’impact environnemental, a rappelé Gaétan Morel, du service Agenda 21. C’est même toute cette année 2021 que Genève a mis sur pied des manifestations, dont un vélo-tour dans le vignoble et une «cuvée des vigneronnes» genevoises. Genève a trouvé un joli slogan pour résumer ses ambitions autour des produits locaux privilégiant le «circuit court»: «Territoire du goût, goût du terroir». C’était donc la moindre des choses de désigner la «ville du bout du lac» capitale nationale, après Onex en 2010, dans la liste des 18 villes du Goût, à ce jour.
(Pierre Thomas)