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Ouverture du très attendu Woodward

Réinventé en boutique hôtel, le bâtiment historique des quais comporte uniquement des suites, un spa et sa piscine, deux restaurants gastronomiques.

Le Woodward est aujourd’hui un des onze hôtels de la Oetker Collection. (DR)

Entre les changements de concept, d’architecte et de groupe, les recours initiaux, le décès de Joël Robuchon survenu en 2018 et la pandémie, rien ne semble avoir été épargné au Woodward. Ce bijou de l’hôtellerie de luxe n’en a pas moins ouvert ces derniers jours à Genève avec une offre de très haut vol. L’extérieur, d’abord. Face au bleu du lac, la façade Belle Epoque évoque les palaces de la Côte d’Azur et l’architecte a très adroitement capturé le plus beau de la vue sur la rade à ce niveau, la double terrasse échappant presque totalement au flux incessant de voitures du quai Wilson.

Une offre hôtelière de 26 suites

Le bâtiment historique réalisé entre 1901 et 1903 par l’architecte lyonnais François Durel renoue avec sa vocation première: l’Hôtel Bellevue accueillit la clientèle internationale argentée jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Racheté par le Comité des unions chrétiennes de jeunes gens YMCA, il fut reconverti en bureaux et logements privés avant d’abriter deux banques, d’être revendu à un joaillier de la place puis de tomber finalement dans l’escarcelle de Bastion Holdings.

Restauré et réaménagé par l’architecte genevois Bernard Erbeia et l’architecte designer français Pierre-Yves Rochon, il abrite au-delà de la façade ouvragée avec ses balcons baignoires, ses bow-windows et autres consoles, quatre étages dédiés à l’hébergement, 26 suites en tout et pour tout, dont les dimensions ont de quoi faire rêver le citadin lambda – au minimum 55 m2 et jusqu’à 160, voire 300 m2, soit un étage entier sur demande.

«La réception s’efface au profit d’un accueil ultra personnalisé»
 

Deux autres étages sont dévolus au bien-être et à la beauté, en partenariat avec la maison parisienne Guerlain; voici donc un spa de rêve et son fitness (occupant 1200 m2) et une piscine (de 21 mètres) qui devrait être le plus grand bassin intérieur privé de Genève. L’aménagement intérieur n’est de même que luxe, calme et volupté des matériaux les plus précieux: marbre de Carrare des salles de bain, marqueterie raffinée, ébène des boiseries et tapis népalais noués à la main, cheminées et miroirs dorés. Et le fait d’une longue liste de signatures prestigieuses: lustres en cristal de Baccarat, accessoires Lalique, éclairage conçu par le bureau japonais Akari-Lisa Ishii, œuvres d’art uniques. Le tout dans un camaïeu de tons froids, ivoire, crème gris pâle et quelques touches japonisantes.

Gastronomie française en vedette

Le cinq-étoiles mise également sur la gastronomie française, grâce à laquelle il entend séduire la clientèle internationale aussi bien que locale. The Woodward accueille ainsi deux restaurants sur deux niveaux distincts.

Donnant sur le quai et la rade avec une vue splendide, avec ses deux espaces d’une soixantaine de couverts aménagés pour évoquer un jardin d’hiver, Le Jardinier propose une carte essentiellement végétale et diététique, conçue par le chef étoilé Alain Verzeroli, issu du groupe Robuchon. Au niveau inférieur, mais doté d’un accès direct depuis les quais, l’Atelier de Joël Robuchon – celui de Genève étant le seizième du nom, inspiré par le Cuisinier du siècle français, concept qui a essaimé de Tokyo et Paris à Miami ou Taipei. Olivier Jean, chef exécutif du Woodward, a du reste passé six ans aux commandes de l’Atelier de Taipei avant de piloter les ouvertures de Miami et New York. Le décor est fidèle au concept des ateliers, avec son long comptoir ouvert sur la salle, ses tons laqués noir et rouge.

Un Atelier plutôt conservateur

Olivier Jean a pu explorer la région durant les mois de fermeture pour y dénicher quelques fournisseurs locaux, dont on retrouve les produits pour l’essentiel à la carte du Jardinier (œuf du Lignon, perlina fumé, miso, pata blanca d’Alcala; betterave chioggia de Gaïa, menthe, fondant des alpages suisses; tomates anciennes du Valais, burrata GRTA), avec certains plats sans gluten et sans lactose.

Côté Atelier, en revanche, la carte semble s’adresser à la frange la plus conservatrice, hyperclassique et franco-française du bout du lac: royale crémeuse de foie gras, émulsion au parmesan et vin muté du Valais; caviar impérial de Sologne, tourteau rafraîchi d’une gelée de crustacés, légèreté de choux fleurs; homard bleu, poivre de Malabar. L’unique produit local étant le bœuf (des alpages suisses, sic) servi rehaussé de foie gras et de porto en «interprétation Rossini»… Bref, on est assez loin du souvenir de l’Atelier originel – dont le génie était d’exalter des ingrédients parfois humbles, du pied de cochon à la fameuse purée de rattes, sur un mode dépouillé et jamais démonstratif.

La direction du Woodward entend toutefois «s’ancrer dans le tissu local et offrir aux Genevois une complémentarité, notamment en termes de restauration». A peine ouvert, l’Atelier de Joël Robuchon affiche du reste un carnet de réservations très rempli, alors que les suites suivent, si l’on peut dire, pour une clientèle que l’on espère bientôt revenir d’Europe, du Golfe et des Etats-Unis. L’hôtel emploie 170 personnes et le nombre de candidats à un poste de travail en cuisine est plutôt réjouissant dans le marasme actuel: 26 engagements pour 393 candidats… 

(Véronique Zbinden)


Davantage d’informations:

www.oetkercollection.com/fr/hotels/the-woodward