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Une pénurie de main-d’œuvre inédite dans la restauration

La réouverture simultanée de tous les établissements en juin a asseché le marché de l’emploi, d’où une pénurie de main-d’œuvre observée par Hotelis, spécialiste du placement fixe et temporaire dans l’hôtellerie-restauration.

La valorisation des métiers est une des clés pour attirer la relève. (Keystone-ATS)

Signe d’un retour progressif à la normale: l’agence Hotelis de Genève Palexpo est depuis quelques jours pleinement opérationnelle. Finie la période de repos forcé liée à l’annulation des grands rassemblements pour cause de pandémie, place à l’action en prévision notamment des Automnales, dont la tenue est prévue du 12 au 21 novembre 2021, avec notamment en guise de plat de résistance la sélection suisse du Bocuse d’Or. Pour Lionel Fontaine, directeur de Hotelis, la reprise des activités est une bonne nouvelle: «La visibilité reste limitée pour les événements de grande envergure, mais on sent une forme d’optimisme gagner progressivement les opérateurs.»

Un phénomène inédit

Le sentiment, d’ailleurs, est général. Car si les restaurants d’entreprise et les activités de traiteur tournent pour l’heure encore au ralenti, la restauration, elle, a retrouvé un peu d’entrain. A tel point que le secteur est aujourd’hui confronté à une grave pénurie de main-d’œuvre. «En vingt ans, c’est la première fois que j’assiste à un phénomène de cette ampleur. En vue de la réouverture des établissements, tout le monde a recruté massivement au même moment. Du coup, le marché de l’emploi s’est asséché en l’espace de 15 jours. De notre côté, nous avons certes pu apporter des solutions à un certain nombre de nos clients, mais la réalité est là: il manque beaucoup de monde.»

«La crise a infligé un dégât d’image à nos professions mais la situation peut être inversée»
 

L’analyse de Lionel Fontaine? «C’est en partie l’effet Covid. A cause de la fermeture des restaurants, beaucoup de collaborateurs se sont tournés vers les secteurs de la logistique et de la distribution, qui ont connu un essor sans précédent. Les professionnels en ont tiré certains avantages, comme par exemple la possibilité de pouvoir planifier des activités avec leur famille ou leurs amis, voire tout simplement d’être libres en soirée pour profiter de leurs enfants. Du coup, un certain nombre d’entre eux ont préféré ne pas revenir dans la branche.»

Savoir-être et savoir-faire

Au niveau de la relève, l’impact a aussi été notable. Les passionnés, ceux pour qui le service ou la cuisine est une vocation, ont entamé leur formation initiale cet été sans se poser de questions, mais d’autres ont opté pour d’autres voies. «La crise a infligé un dégât d’image à nos professions. Mais la situation peut être inversée: d’une part en valorisant les compétences du personnel, notamment au service; d’autre part, en recrutant du personnel faisant preuve d’un savoir-être, et à qui on inculque ensuite un savoir-faire. Sans oublier bien sûr le fait de respecter la CCNT, laquelle garantit un cadre de travail attrayant à toutes les personnes actives dans la restauration.»

(Patrick Claudet)