Le nouveau président de la Société des Hôteliers Genevois (SHG) commente les nouvelles mesures adoptées dans sa branche.
HGH: Gastrosuisse a estimé que le Conseil fédéral avait entendu l’appel à l’aide de la branche, De votre côté, qu’en pensez-vous?
Gilles Rangon: Nous relevons une prise de conscience bienvenue à l’égard de tous les acteurs du tourisme. La fermeture est un nouveau coup dur mais nous faisons contre mauvaise fortune bonne grâce, en raison de l’évolution de la situation sanitaire, dans l’intérêt général. Désormais le plafond d’aide aux ayants droit est relevé à 750 000 francs, calculé sur une base de 20 % du chiffre d’affaires. L’évolution des critères amène ainsi une plus grande égalité de traitement entre les différents types d’établissements, de petite taille comme «gros porteurs».
On a entendu l’indignation de la Conseillère d’Etat Nathalie Fontanet, évoquant la «pingrerie» du Conseil fédéral. Partagez-vous son appréciation et concrètement, comment cela se passe-t-il aujourd’hui pour les hôteliers genevois?
Je la rejoins entièrement et je lui réitère notre soutien. On ne peut pas décréter un nouveau lockdown et rester sur les sommes allouées précédemment. Il faudra les réévaluer selon la durée des mesures, mais ces 2,5 milliards sont clairement insuffisants. Nous soutenons les décisions politiques en matière de mesures sanitaires mais attendons davantage de soutien financier. La Confédération alloue une somme et c’est ensuite aux cantons de mettre en place le dispositif. A la suite des modifications apportées par la Confédération à l’ordonnance sur les cas de rigueur, les dispositifs cantonaux doivent être adaptés. Ces procédures prennent du temps, par conséquent les fonds n’ont pas encore été perçus par certains.
La situation genevoise est particulière: les établissements y semblent encore plus durement affectés que dans le reste de la Suisse. Peut-on estimer le coût humain de la situation?
Genève souffre particulièrement de sa qualification urbaine: le tourisme d’affaires, les congrès et les organisations internationales représentent en temps normal 75 % de notre activité. Contrairement aux restaurants, on ne nous a pas ordonné de fermer, mais nous subissons les dommages collatéraux de l’arrêt des voyages, des manifestations et du tourisme. On peut estimer le taux d’occupation des hôtels à Genève entre 5 et 15 % en ce moment. Je vous laisse imaginer comment cela se traduit pour les hôtels avec un fort effectif et plusieurs centaines de chambres, dont les charges sont incompressibles. En ce sens, nous ne sommes pas vraiment à égalité avec les autres acteurs du tourisme, qui ont pu rouvrir de mai à octobre et bénéficié d’une bouffée d’oxygène.
Quelles sont les perspectives à court et moyen terme?
Genève compte 126 hôtels: 28 sont fermés, le Richemont définitivement alors que l’Atrium a fait faillite; un palace, le Beau-Rivage, a été vendu afin de préserver son patrimoine et tous les projets d’ouverture ont été repoussés. L’hôtellerie occupe 5000 personnes à Genève: on peut estimer qu’entre 20 et 30 % de ces effectifs seront perdus et que cela va entraîner un manque de main d’œuvre qualifiée et de savoir-faire au moment de la reprise.
(Propos recueillis par Véronique Zbinden)