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Les hôteliers unis face à la pandémie

Baisse drastique des ventes, fermetures, licenciements: l’hôtellerie souffre de la pandémie. Mais l’esprit combatif des opérateurs génère un peu d’espoir.

En raison de la pandémie et de l’effondrement du tourisme international, le Victoria Jungfrau Grand Hotel & Spa à Interlaken (BE) a fermé ses portes en novembre dernier. Sa réouverture est prévue le 26 mars 2021. (Keystone-SDA)

Dans l’entretien qu’il nous accordait en début d’année (cf. HGH n°02/2021), Gilles Rangon décrivait la situation particulièrement difficile que traverse l’hôtellerie genevoise. La ville du bout du lac souffre de sa qualification urbaine et de l’effondrement du tourisme d’affaires et de congrès, qui représente en temps normal 75% de son activité. Quant au taux d’occupation, il oscille entre 5 et 15%, ce qui laisse craindre, selon le nouveau président de la Société des Hôteliers Genevois, une réduction des effectifs de 20 à 30% dans les 126 hôtels du canton, dont un peu moins d’une trentaine sont actuellement fermés.

Licenciements à Zurich

A l’autre extrémité de la Suisse, la situation de Zurich est similaire. Malgré tous les efforts qu’il a entrepris pour préserver les places de travail, Roger Jutzi, directeur de l’hôtel Krone Unterstrass qui fait partie du groupe Wüger Gastronomie, a dû licencier des collaborateurs. «Au début de la pandémie, nous avons réussi à limiter les dégâts en nous contentant de ne pas remplacer celles et ceux qui s’en allaient. Puis, l’automne dernier, nous avons dû nous résoudre à biffer des postes, ce qui explique pourquoi notre équipe est passée de 50 à environ 30 collaborateurs», regrette Roger Jutzi. Selon lui, le retour à la normale n’aura pas lieu avant 2024 ou 2025, et, pour 2021, il dit qu’il sera déjà content s’il atteint les ventes de l’an dernier. De quoi générer quelques inquiétudes, même si l’hôtelier alémanique reste confiant. «Je suis en effet convaincu que nous pourrons tirer profit de la reprise dès qu’elle s’amorcera, notamment grâce au savoir-faire et aux compétences que nous aurons su préserver au sein de notre établissement.»

Grande campagne nationale

C’est justement pour inciter les opérateurs à renouer avec la confiance que Hotelleriesuisse a lancé une campagne nationale à fin 2020. A travers le slogan #bettertogether, l’organisation faîtière encourage les hôteliers du pays à tourner leur regard vers l’avenir et développer un réseau solidaire pour donner vie à des idées, solutions ou projets susceptibles de limiter les effets de la pandémie.

«Un hôtelier est optimiste par nature, même si les faits semblent le contredire»


L’un des projets estampillés #bettertogether est la série de podcasts avec Claude Meier, directeur de Hotelleriesuisse. Chaque mois, il visite un hôtel de Suisse alémanique, de Suisse romande ou du Tessin, et il en profite pour évoquer avec sa direction les défis actuels de l’industrie. L’objectif est de voir comment chacun a vécu la crise jusqu’à présent, et quelles stratégies il serait opportun de mettre en place pour en sortir.

Dans le même esprit, Hotelleriesuisse a lancé une plateforme baptisée Hospitality Booster, dont le but est de faciliter et favoriser l’innovation en vue de l’implémentation de nouveaux services ou produits. Un projet développé en collaboration avec de nombreux partenaires issus de l’économie et de la recherche, et qui entend recenser les besoins de la branche pour tenter de mieux y répondre.

Attention aux dérives

Si cette initiative vise la création d’un cercle vertueux, certaines pratiques actuellement en vigueur pourraient potentiellement nuire au secteur. On pense notamment à ces établissements qui bradent le prix de leurs chambres au profit de clients qui n’y mettent pas les pieds, et ce uniquement pour leur autoriser l’accès au spa.

Dans un autre registre, d’aucuns ont aussi relevé l’offre du Dolder Grand, à Zurich, qui autorise l’accès de son spa et de ses restaurants aux clients journaliers. Est-ce vraiment légal? Non, assure l’Office fédéral de la santé publique par la voix de son porte-parole Yann Hulmann: «Par clients de l’hôtel, nous entendons les personnes qui séjournent au moins une nuit dans l’établissement. C’est à leur attention uniquement que sont destinés les restaurants et autres services, à condition que les règles d’hygiène soient scrupuleusement respectées.»

Reste que les abus demeurent limités. Partout dans le pays fleurissent les initiatives inspirées, aussi bien en Suisse romande (lire en page une) qu’alémanique, où la famille Huggler qui gère les hôtels Brienzerburli et Weisses Kreuz à Brienz (BE) a lancé une campagne de financement participatif pour encourager ses clients et amis à l’aider à traverser cette passe difficile. L’objectif, ambitieux, était de récolter 50 000 francs, et il a été atteint sans peine en l’espace de deux mois, preuve que la population est solidaire de ses hôteliers, comme elle l’est de ses restaurateurs.

Quid du Tessin? L’hôtellerie y souffre comme dans toutes les autres régions, notamment à l’hôtel Delfino, à Lugano, où le directeur Federico Haas a enregistré une baisse des ventes de l’ordre de 35 %. Malgré ce repli important, l’établissement a continué d’opérer plus ou moins normalement, en partie parce que Federico Haas voulait permettre à ses apprentis de poursuivre leur formation: «Nous sommes au service des gens, et, quoi qu’il arrive, l’hôtellerie doit conserver ses valeurs humaines.»

(Désirée Klarer, adaptation: Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.hospitality-booster.swiss/fr