A l’approche de la saison estivale, et en cette année anniversaire, la directrice générale du Beau-Rivage Palace à Lausanne évoque le contexte dans lequel évolue le secteur hôtelier.
Nathalie Seiler-Hayez, vous êtes directrice générale du Beau-Rivage Palace qui vient de rouvrir ses portes. Dans quel état d’esprit abordez-vous la saison estivale?
Il y a d’un côté le bonheur de retrouver nos hôtes, et, de l’autre, un petit fond d’inquiétude. La visibilité est réduite et nos restaurants sont pour l’heure toujours inaccessibles à la clientèle locale, qui en est d’ordinaire friande. Sans parler même des restrictions liées à la situation sanitaire et de la mise à jour régulière de la liste des pays à risque, autant de facteurs que nous ne maîtrisons pas.
Quels sont vos pronostics en termes de fréquentation?
Je serais bien en peine de prédire l’évolution de la demande. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que nous avons rouvert le 1er avril en affichant complet. Parmi nos hôtes, beaucoup de Suisses, mais aussi des amis parfois venus de loin, qui tenaient à témoigner leur attachement à notre maison.
Misez-vous sur la clientèle indigène ou y a-t-il un retour progressif des hôtes étrangers?
L’été dernier, les Suisses ont plébiscité leur pays et nous avons accueilli beaucoup d’Alémaniques, que nous espérons revoir cette année. Au niveau international, il y a toutefois des signaux forts en provenance des Etats-Unis, où la population est largement vaccinée et impatiente de voyager de nouveau, en particulier dans le segment à haute contribution.
Vous avez profité de la fermeture imposée par le Covid-19 pour lancer l’été dernier des travaux de rénovation. Où en sont-ils?
Nous poursuivons jusqu’à la fin de l’année la réfection complète de l’aile historique, dite Beau-Rivage. Pour ce faire, nous avons renouvelé notre collaboration avec l’architecte d’intérieur Pierre-Yves Rochon, qui s’était déjà chargé de l’aile Palace en 2014. Dans le cadre de cet ambitieux chantier, nous avons la chance de pouvoir compter sur le soutien de la Fondation Sandoz, qui a choisi le moment opportun pour rénover l’hôtel.
Le BRP célèbre en 2021 son 160e anniversaire. Quel regard portez-vous sur sa longue histoire?
Elle est faite de 1001 anecdotes qui prouvent la place centrale que notre établissement a occupé au fil des décennies. Il y a les nombreux traités qui y ont été signés, les hôtes prestigieux – Charlie Chaplin et sa femme Oona y ont passé leur premier nuit en Suisse lorsqu’ils s’y sont installés en 1952 – et les visionnaires qui ont permis son essor, dont Jacques Tschmi, créateur de l’EHL. A titre personnel, c’est une fierté de m’inscrire dans cette lignée.
Pensez-vous que l’hôtellerie suisse parviendra à surmonter la crise actuelle?
Synonyme de sécurité et de qualité, la Suisse inspire la confiance. Elle doit capitaliser sur ses valeurs intrinsèques et retrouver sa place de prédilection au cœur de l’Europe.
(Propos recueillis par Patrick Claudet)