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A Genève, les effets de la crise sur l’hôtellerie

Si les nouvelles en provenance du bout du lac se suivent mais ne se ressemblent pas, toutes témoignent du fort impact de la pandémie sur le secteur hôtelier.

Beau-Rivage, géré par les Mayer pendant cinq générations, change de main. (DR)

On se rappelle du millier de cierges qui avaient été allumés en juin dernier sur l’esplanade du Château St-Maire à Lausanne, siège du gouvernement vaudois, et symbolisant les emplois menacés dans la restauration. Samedi, une manifestation de solidarité envers les victimes de la crise sanitaire s’est tenue à Genève. Objectif: sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics à la situation des travailleurs de nombreux secteurs d’activité, dont l’hôtellerie-restauration. Des débordements ont eu lieu en marge du rassemblement qui a réuni quelque 200 personnes, mais nul doute que l’action était le reflet de préoccupation bien réelles.  

Fermeture après dix mois

En juin dernier, les hôteliers genevois tiraient déjà la sonnette d’alarme par l’entremise de leur président, qui disait s’attendre à un grand nombre de faillites d’ici à fin 2020 (voir HGH n° 16/2020).

Six mois plus tard, les nouvelles en provenance du bout du lac ne sont effectivement pas très bonnes. Si l’hôtel Woodward (ex-Woodrow) géré par le groupe Oetker Collection a certes annoncé qu’il ouvrirait ses portes au printemps 2021 dans la configuration annoncée en fin d’année dernière (26 suites), l’Atrium Airport Hotel a dû cesser ses activités. Inauguré en février par le Groupe Boas, l’établissement comptant 163 chambres, trois restaurants et un centre de conférence de 1200 m2 avait activé début novembre une procédure de licenciement collectif «dans le respect du délai de congé contractuel d’un mois soit pour le 31 décembre 2020», comme l’avaient annoncé nos confrères de Htr Hotelrevue.  Puis, fin novembre, la direction a informé ses collaborateurs que l’établissement avait été placé en faillite. Conséquence: une trentaine d’employés ont non seulement perdu leur emploi pour la fin de l’année, mais ils ont aussi été privés de salaire dès fin novembre.

«La survie d’un hôtel privé de ses hôtes est un vrai défi»
 

De son côté, la famille Mayer a elle aussi été confrontée à l’effondrement des nuitées. C’est pourquoi elle a décidé de vendre Beau-Rivage à la famille Casacuberta, et ce dans le but d’assurer la pérennité de l’institution.

Une difficile décision

«La survie d’un hôtel privé de ses hôtes est un vrai défi. Au cours de cette année particulièrement compliquée, la recherche d’un investisseur solide pour poursuivre notre mission s’est imposée. Une décision difficile à prendre pour la famille, mais nécessaire si nous voulions préserver le patrimoine des cinq générations qui nous ont précédés», relève Jacques Mayer dans un communiqué de presse qui ne précise pas le montant de la transaction.

Pour le président du conseil d’administration de Beau-Rivage, par ailleurs représentant de la quatrième génération, l’objectif était de trouver un repreneur partageant ses valeurs et celles de sa famille. Leur choix s’est porté sur Casacuberta, entreprise familiale fondée en 1986 qui se décrit comme un spécialiste de l’investissement à haute valeur ajoutée dans l’immobilier et l’hôtellerie. L’enseigne espagnole est déjà présente à Genève, où elle a collaboré avec l’architecte Charles Pictet pour la réalisation d’un bâtiment multifonctionnel comprenant notamment le Fraser Suites Geneva à la rue du Marché. Si le nouveau plan stratégique ne sera dévoilé que l’an prochain, la nouvelle direction a déjà dit vouloir continuer à mettre l’accent sur la gastronomie à travers Le Chat-Botté et le Patara. «Notre priorité sera de préserver ce magnifique patrimoine hôtelier et de continuer à le faire fructifier en maintenant cette culture de l’excellence qui en a fait une destination de prestige», déclare Fernando Casacuberta, fondateur et président du conseil d’administration de Casacuberta.

Si l’on peut parler de happy end, on imagine sans peine la difficile décision qu’a dû représenter pour Jacques Mayer la vente de l’hôtel ouvert en 1865 par Jean-Jacques et Albertine Mayer, et dont il a repris la direction en 1978 après la disparition subite de son père. Tout comme il avait surmonté la Seconde Guerre mondiale grâce à la vente de certains actifs immobiliers, Beau-Rivage paraît en mesure de s’extirper de la crise du coronavirus, ce qui ne sera malheureusement pas le cas de tous les établissements touchés par la pandémie.

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.beau-rivage.ch