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«Il va falloir se réinventer»

Après un cursus remarquable, Susanne Welle, formatrice polyglotte, reprend la direction de l’Ecole Hôtelière de Genève.

Norvégienne d’origine, Susanne Welle est arrivée en Suisse à 20 ans. (DR)

Susanne Welle, vous avez pris la tête de l’Ecole Hôtelière de Genève (EHG) au début du mois de novembre, au plus fort de la deuxième vague de la pandémie. Comment avez-vous vécu cette prise de fonction?
L’équipe était préparée à cette deuxième vague et nous avons réussi à poursuivre l’activité de l’école aussi normalement que possible. L’expérience de mars nous a permis de développer les cours en ligne, les enseignants ont pu se préparer et les élèves aussi.

Quels sont selon vous les points forts de l’EHG et, à l’inverse, les domaines qui gagneraient à être renforcés?
Pour décrire les grandes lignes, l’EHG est une école généraliste avec un double cursus possible. La formation complète en trois ans alterne pratique et théorie à raison de stages tous les six mois, la voie plus courte, sur deux ans, étant destinée aux gens qui ont déjà un CFC. Nous avons trois restaurants d’application, un bar et le Ramada pour hôtel d’application, un service traiteur, une école hôtelière sous licence à Casablanca. Et l’EHG fait partie de Gastrosuisse.

Combien d’étudiants sortent de l’EHG chaque année?
Nous formons entre 80 et 100 diplômés, qui vont pour la plupart demeurer dans la branche Horeca, contrairement à ceux d’autres écoles. Et on peut ajouter la formation en emploi mise sur pied avec l’Etat de Genève, pour des adultes désireux de se réorienter. Nous sommes très fiers de figurer dans le classement des dix meilleures écoles du monde établi par Ceoworld Magazine. Nous allons continuer à développer ces acquis et à motiver les jeunes pour cette industrie. Il faut aussi préparer la jeune génération à de grands changements à venir.

«On peut toujours s’améliorer en ce qui concerne la parité»


Quel est l’impact de la crise sur le secteur?
La branche est très affectée. Comme l’a dit Casimir Platzer, président de Gastrosuisse, on peut craindre que 100 000 emplois soient supprimés et Genève est une des régions les plus affectées: nous sommes à la veille d’une période très difficile où la formation sera encore plus déterminante. Il va falloir se réinventer, innover, ne pas se borner à dire: les gens auront toujours besoin de manger. Se reposer sur la tradition et les habitudes ne suffira pas, mais je pense qu’il y aura beaucoup d’opportunités pour des gens bien formés avec un vrai esprit d’entreprise.

Votre parcours, en deux mots, vous a-t-il prédestinée à ce choix?
Je viens d’une famille de libraires, à Oslo, donc a priori pas vraiment. Même si ma mère m’a raconté que, petite, je disais déjà que je voulais diriger un grand hôtel. C’est le côté humain qui m’attire depuis toujours dans cette voie, les situations nouvelles et les rencontres différentes chaque jour, la possibilité de voyager aussi. Du reste, quand j’ai décidé de faire une école hôtelière, j’ai hésité entre Hawaii et les Grisons, mais mon père a trouvé que la Suisse, c’était quand même plus sérieux. Donc je suis arrivée en Suisse à 20 ans pour faire la Swiss School of Tourism and Hospitality de Coire.

Votre cursus là-dessus vous entraîne dans plusieurs allers-retours entre théorie et pratique, enseignement et application?
Je suis passée dans divers hôtels et restaurants, dans tous les départements jusqu’au management, à Oslo, Londres ou au Mont-Pèlerin notamment, avant de devenir formatrice à mon tour à Caux, Glion, Martigny et jusqu’à mon dernier poste de doyenne à l’école hôtelière Les Roches Global Hospitality Education de Crans-Montana.

Vous êtes originaire de Norvège, exemplaire en termes de fonctionnement social et de parité. Quels enseignements en tirez-vous qui seront utiles pour ce nouveau mandat?
Je pense être l’héritière d’une manière de communiquer ouverte et directe, de valeurs éthiques et d’esprit d’équipe. Avec aussi une sensibilité environnementale que j’ai à cœur d’enseigner aux futurs managers, le refus du gaspillage, notamment grâce au concept Too Good to Go, d’origine danoise. Pour ce qui est de la parité, on peut toujours s’améliorer. Nous avons environ 55 % d’étudiantes pour 45 % d’étudiants et des taux de réussite identiques. Je n’ai pas de statistiques sur l’accès à des postes à responsabilité, mais je pense qu’il reste des choses à faire dans le domaine de l’hôtellerie en Suisse, notamment en termes de fiscalité et d’égalité des salaires.

(Propos recueillis par Véronique Zbinden)


Davantage d’informations: 

www.hotel-terminus.ch/fr