Enseignante de cuisine chez Hotel & Gastro Formation Vaud et membre de la Société suisse des cuisiners, la Vaudoise est aussi à la tête d’une petite entreprise formatrice.
Elle est enseignante et fière de l’être, et, si l’étiquette lui semble parfois un peu rigide, loin de la dimension collaborative qu’elle associe spontanément à la transmission du savoir, elle ne renoncerait pour rien au monde au contact privilégié qu’elle a noué depuis plus de dix ans avec les apprentis de cuisine du canton de Vaud.
Deux jours par semaine, elle transmet son savoir-faire chez Hotel & Gastro Formation Vaud (HGF-VD), dont l’équipe avait dû imaginer le printemps dernier un programme d’enseignement en ligne en un temps record. «Cet automne, malgré la fermeture des établissements dans tout le canton, nous avons heureusement pu poursuivre les cours à Pully. Cela nous a permis de garder un contact direct avec les apprentis, dont certains se sont retrouvés à l’arrêt complet pendant plusieurs semaines», lance Laura Rod.
Certes, les conditions de l’enseignement ne sont pas idéales: les masques rendent difficile la communication non verbale, quand ils ne dissimulent pas totalement le visage des apprentis, et ils forcent les enseignants à parler plus fort pour être entendus. Mais la coprésence dans une même salle permet de mieux évaluer la dynamique de groupe. «De prime abord, on pourrait penser que les jeunes ne sont pas touchés par la situation actuelle, beaucoup affichant une forme de résilience qui force le respect. Sauf que le masque tombe parfois et qu’on se rend compte qu’il y a chez certains une forme de détresse qu’ils cachent en vertu d’un mécanisme de défense sans doute inconscient», explique la Vaudoise, première femme de son canton à avoir décroché un diplôme fédéral de cheffe de cuisine.
En côtoyant les apprentis de première année, elle a pu en outre constater une certaine évolution dans les mentalités. «La plupart ont dû batailler pour décrocher une place, je les sens plus déterminés, car conscients de leur chance». Un contexte difficile qu’elle connaît bien, elle dont l’entreprise de catering a dû se réorganiser, non sans renoncer à former une apprentie.
(Patrick Claudet)
Laura Rod effectue son apprentissage au Beau-Rivage Palace, puis travaille comme cheffe de cuisine personnelle de la famille Landolt-Sandoz à Pully. Elle intègre ensuite l’Ecole hôtelière de Genève, rejoint Canonica à Cointrin et est nommée directrice marketing de Minotel. En 2007, elle crée Lauraworld Catering tout en devenant enseignante chez HGF-VD. Fin 2019, elle est la première Vaudoise à dé-crocher le diplôme fédéral de cheffe de cuisine.