Urs Masshardt, secrétaire général de Hotel & Gastro Union (HGU), livre un bilan de l’année qui s’achève et évoque les défis qui l’attendent en 2021.
Urs Masshardt, quel regard portez-vous sur 2020?
Nous avons vécu une année particulièrement exigeante. Le coronavirus et les mesures imposées pour lutter contre ont bouleversé nos sociétés et il a bien fallu s’en accomoder.
La branche peut-elle surmonter cet obstacle?
Oui, car malgré l’incertitude, les peurs existentielles et les défis et obstacles inattendus, les professionnels de l’hôtellerie-restauration sont restés fidèles à leur poste. Ils ont mis sur pied des services de livraison et à emporter, vendu des plats faits maison en ligne, aménagé leurs locaux conformément aux exigences sanitaires et transformé pour certains leurs chambres d’hôtel en bureau. Nous sommes restés unis et nous nous sommes soutenus mutuellement. Malgré toutes les difficultés, je trouve cela très positif. Mais je vois aussi que le secteur, en particulier les employés, est fatigué.
De quelle manière HGU soutient-elle la branche et celles et ceux qui y travaillent?
Nous soutenons nos membres à différents niveaux. Que ce soit par le biais d’informations générales ou de notre service juridique, ou lorsqu’ils cherchent un nouvel emploi via notre plateforme www.gastrojob.ch. Par ailleurs, nous apportons aussi une aide dans la mesure de nos moyens aux membres qui sont dans le besoin en raison de la crise sanitaire.
Avant la pandémie, il y avait une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Est-ce terminé?
Les employés bien formés restent un facteur de succès important. Ils seront également nécessaires pour reconstruire l’industrie après la pandémie. C’est pourquoi HGU et ses sociétés professionnelles feront encore plus d’efforts pour promouvoir la formation et la formation continue.
Comment procéderez-vous?
A travers l’information. Beaucoup ne le savent pas, mais la CCNT a été extrêmement généreuse depuis 2010 en termes de soutien financier à celles et ceux qui veulent se former. A tel point qu’une formation continue peut devenir pratiquement gratuite, ce qui est remarquable quand on sait que les frais peuvent se monter jusqu’à 15 000 francs pour certains cursus. Soutenir les employés dans leur démarche de formation est également intéressant pour les employeurs; non seulement ils bénéficient du savoir-faire accru de leurs collaborateurs, mais ils sont généralement aussi indemnisés – jusqu’à 7000 francs – en cas d’absence de leurs employés pour motif pédagogique. L’an prochain, nos cinq sociétés professionnelles feront en sorte de diffuser ce message de manière plus intensive encore via l’ensemble des canaux.
Pourquoi les professionnels devraient-ils rejoindre HGU?
Etre membre, c’est partager un certain nombre de valeurs et œuvrer au bien collectif. S’il est une leçon à tirer de cette crise sanitaire, c’est que la solidarité, la collaboration et la cohésion sociale revêtent une importance capitale. Or, ces valeurs ne peuvent être perpétuées que si les travailleurs comprennent l’importance d’une démarche juste et solidaire. C’est pourquoi il est capital que nos sociétés professionnelles attirent de nouvelles forces vives. C’est la meilleure manière de se préparer aux futurs défis économiques et politiques.
Quels sont les défis qui vous attendent en 2021?
Nous aimerions pouvoir reprendre les négociations liées à la CCNT dès que possible. Pour que cela soit possible, Gastrosuisse et le syndicat Unia doivent toutefois résoudre leur conflit et retourner à la table des négociations. Un autre problème concerne les apprentis: avant même de commencer leur formation, ils doivent acquérir l’équivalent de 2500 francs de matériel, ce qui ne contribue pas à rendre la formation de base attractive. Il est donc important de trouver un modèle de financement alternatif.
(rif/pcl)