Petite structure dynamique intégrée à Nestlé, Special.T distribue 35 variétés de thé sur huit marchés, dont le Japon. Visite du siège à Lausanne où les maîtres de thé concoctent les spécialités de demain.
Dissimulé derrière l’imposant bâtiment Nespresso de l’avenue de Rhodanie, le siège de Special.T est logé dans une coquette villa à laquelle on accède par un étroit sentier. Au premier étage, le visiteur découvre des idéogrammes sur la porte et des photos de plantations sur les murs. Dans le bureau des tea masters, une centaine de boîtes sont alignées sur des étagères. A l’intérieur, des grands crus en provenance des cinq régions (Chine, Japon, Inde, Sri Lanka et Afrique du Sud) où l’enseigne s’approvisionne. Sencha, Pai Mu Tan, Oolong, Darjeeling First Flush ou encore Ceylan High Grown: les noms résonnent déjà comme une invitation au voyage.
Fondé en 2010, Special.T a des allures de PME bien qu’elle fasse partie du géant Nestlé. A Lausanne, 24 collaborateurs pilotent les huit marchés sur lesquels la marque est présente et gèrent l’assortiment constitué de plus de 35 variétés mises en capsule à Orbe (VD), d’où elles sont distribuées en Suisse et dans les six autres marchés européens (Allemagne, Autriche, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas). Le huitième marché? Le Japon, pays du thé par excellence, où Special.T a réussi à s’implanter en créant un système novateur d’abonnement pour les entreprises. «Les machines sont prêtées et les capsules sont livrées à intervalles réguliers», explique Laurent Thérond, Business Development Manager.
Le succès de l’entreprise s’explique aussi par le soin apporté au développement de spécialités locales (cinq au total, dont une est aujourd’hui disponible en Suisse) avec la maison Fukujuen, véritable institution sur l’archipel. L’exploit est d’autant plus admirable que le Japon n’exporte que 2% de sa production, et qu’il est connu pour l’exigence de ses consommateurs.
En Europe, la nature de la demande varie selon les marchés. Si la France plébiscite le thé vert, la Suisse est l’Allemagne ont une préférence pour les infusions ou les thés bien-être – tous manufacturés à partir de thés premium. Et pour sublimer cette matière première triée sur le volet, Special.T dispose d’un atout majeur: sa machine à thé, fruit de cinq années de recherche et protégée par 27 brevets, dont la quatrième génération, plus compacte, propose des nouveaux cycles d’infusion.
Maître de thé et responsable de l’unité Tea Competence, Raphaëlle Liman souligne l’importance de l’infusion. «L’origine du thé, la qualité de la feuille et sa fraîcheur sont certes déterminants, mais la préparation doit être extrêmement précise. Tout doit être contrôlé pour que chaque variété révèle ses arômes spécifiques», explique celle qui s’est découvert une passion pour le thé en 2008 lors d’un voyage à Darjeeling. Son quotidien? Déguster les meilleurs crus pour en surveiller la qualité et créer des assemblages uniques, ce qui n’est pas sans rappeler le travail des œnologues. Une manière de renouveler le rituel millénaire du thé en le démocratisant, y compris dans l’hôtellerie-restauration où certains établissements, notamment au Japon, ont pris l’habitude de placer une machine à thé à côté de la machine à café.
(Patrick Claudet)
Les parallèles sont nombreux entre le vin et le thé. En matière de dégustation, les maîtres de thé de Special.T préconisent ainsi plusieurs étapes. D’abord, observer à l’œil la robe, la limpidité et la teinte du thé. Puis, au nez, en humer les arômes au-dessus de la tasse. Enfin, prendre une petite gorgée tout en aspirant un filet d’air puis remuer en bouche pour libérer tous les arômes et les saveurs, avant se laisser imprégner par les sensations qui persistent (arômes, tannins, équilibre, amertume).