Apprentie de troisième année, la Romande de 19 ans participera aux Championnats du service en novembre à Igeho. La première étape d’un plan aussi ambitieux qu’elle est passionnée par son métier.
Energique, motivée, déterminée. Ce sont les trois adjectifs qui viennent en tête quand Jun Lu Koh évoque son métier de spécialiste en restauration et les raisons qui l’ont poussée à s’inscrire aux Championnats du service dont la 10 édition se tiendra du 18 au 22 novembre dans le cadre du Salon Igeho à Bâle. Actuellement en troisième année d’apprentissage au restaurant Le Cerf à Cossonay (VD), la Vaudoise s’est décidée à y participer l’été dernier parce qu’elle avait «besoin de se lancer un défi». Et pour ne rien laisser au hasard, elle s’est tournée vers Hotel & Gastro Union, dont elle est membre depuis le début de sa formation initiale, afin de savoir s’il était possible de bénéficier des conseils d’un professionnel chevronné. Le secrétariat l’a mise en contact avec Chantal Rod, responsable de la restauration avec brevet fédéral et maître socioprofessionnel auprès de l’association Afiro, qui est ainsi devenue sa coach attitrée. «Nous avons identifié les objectifs du concours et travaillé sur la base des idées qu’elle avait développées en amont. Son grand professionnalisme et sa détermination forcent le respect», confie Chantal Rod, par ailleurs membre du comité de Hotel & Gastro Union Romandie.
Si la coach n’est pas avare en compliments sur l’apprentie qu’elle accompagnera jusqu’au 19 novembre, date à laquelle cette dernière entrera en scène à Bâle, Jun Lu Koh ne tarit pas d’éloges non plus sur Chantal Rod. «Je me suis tout de suite sentie en confiance avec elle et j’apprécie la qualité de nos échanges qui m’ont permis d’élaborer la mise en place d’une table ronde pour cinq personnes et d’un menu de trois plats sur le thème de "éclat et glamour", l’une des sept épreuves du concours», explique l’apprentie. A qui il est inutile de demander si elle appréhende l’idée de se mesurer aux 14 autres apprentis de la catégorie junior dans l’enceinte de la plus grande foire professionnelle de Suisse: «Je me sens au contraire impatiente d’entrer en action, comme c’est le cas à chaque service quand il s’agit d’accueillir et servir les clients qui sont chaque jour différents.»
Pour elle qui avait d’abord envisagé une formation de cuisinière avant de se raviser à la suite d’un stage parce qu’elle s’était sentie «à l’étroit» dans l’espace confiné de la cuisine, la salle s’apparente à un terrain de jeu. Ou plutôt à la scène d’un théâtre où chaque soir elle livre certes la même performance, mais pour un public toujours différent, ce qu’elle trouve très enrichissant. Dans son rôle, rien ne peut la déstabiliser, dit-elle, pas même la présence en salle de Christine et Carlo Crisci, qui célèbrent cette année les 35 ans de leur établissement, ni celle de sa mère, à chaque fois épatée par l’aisance et le professionnalisme de sa fille. «J’ai même eu l’occasion de servir mon père, venu exprès de Singapour, et j’ai été très émue quand il m’a dit qu’il était fier de moi.»
Le compliment l’a d’autant plus touchée que sa décision d’embrasser la profession de spécialiste en restauration a suscité dans un premier temps un brin d’incrédulité auprès des siens. La tradition familiale aurait en effet voulu qu’elle devienne avocate, banquière ou médecin. «Pour moi, l’hôtellerie-restauration s’est toutefois vite imposée comme une évidence et ma motivation sans faille a convaincu ma mère que je faisais le bon choix.»
A n’en pas douter, ses parents auront encore l’occasion d’être fiers d’elle ces prochaines années. Car aux yeux de Jun Lu Koh, la participation au Championnat du service est la première étape d’un plan aussi ambitieux qu’elle est passionnée par son métier. D’une part, elle a un œil sur les SwissSkills de Berne, pour lesquels elle aimerait se qualifier en remportant l’épreuve bâloise; d’autre part, elle s’est déjà fixé l’objectif d’enchaîner avec une maturité professionnelle dès qu’elle aura obtenu son CFC. «C’est le sésame qui m’ouvrira les portes d’une école hôtelière, là où j’aimerais parfaire ma formation en vue de travailler en Suisse alémanique et à l’étranger, et ce pour réaliser un rêve: parler sept langues!» Quant aux destinations qu’elle lorgne, elle en a déjà dressé la liste en fonction des chefs chez qui elle aimerait travailler (Michel Troisgros, Sébastien Bras, Tim Raue, entre autres), tout en visant aussi la Chine, Hong-Kong et Singapour. Energique, motivée, déterminée.
(Patrick Claudet)