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La première édition tient ses promesses

Les Restaurant Awards ont dévoilé à Paris les choix d’un jury 100% paritaire, comprenant notamment les chefs suisses Daniel Humm et Andreas Caminada.

Le chef Kobus ven der Merwe a fait coup double à Paris. (DR)

Coup double pour Wolfgat. Ce resto de poche perdu sur la Côte sud-africaine, à deux heures de route du Cap, entre une réserve sauvage et un site archéologique, avait toutes les chances de rester une adresse pour initiés. Il vient de décrocher le titre de Restaurant hors-cartes imaginé par les Restaurant Awards, première édition. Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule – le chef Kobus ven der Merwe, 38 ans et un look de viking barbu, n’en est pas encore revenu –, l’établissement sud-africain remporte également le prix du Restaurant de l’année.  

Un parterre blindé de stars

La consécration de cette table ouverte fin 2016 à Paternoster, village de pêcheurs au nom prémonitoire, vierge de récompenses et proposant une cuisine locale et sauvage, végétale et marine, avec une parenthèse plus carnassière à la saison de la chasse, est intervenue le 18 février dernier à Paris. C’est dans le décor chic du Foodsystem du Palais Brongniart et devant un parterre blindé de stars que la nouvelle manifestation imaginée par Andrea Petrini et Joe Warwick, avec le soutien du groupe IMG, s’est tenue. Cette dernière prend clairement le contrepied du classement des World’s 50 Best Restaurants, et, à travers ses 18 catégories, elle a mis en lumière des lauréats issus de dix pays et quatre continents. 

L’approche éthique récompensée

Donnant le ton de la cérémonie, Antoine de Caunes a partagé son micro avec le duo Petrini-Warwick, mais aussi Julie Andrieu, Mauro Colagreco ou Alex Atala. En crescendo, les prix des catégories – articulées en small ou big plates – sont allés à la cheffe Bo Songvisava, (Bo Lan, Bangkok) pour sa cuisine exécutée sans pincettes (si si, ça peut agacer…), alors que la distinction pour une spécialité particulière va à Lido 84, sur les rives du Lac de Garde, fou des rigatoni cacio e pepe cuits en vessie de porc.

Autres lauriers en forme de clin d’œil, ceux remis à Alain Passard pour le meilleur compte Instagram et à Alain Ducasse alias le chef sans tatouages. Français aussi, le chef auréolé du titre de classique qui dure: Mathieu Viannay qui incarne désormais la Mère Brazier (98 ans!) et aussi, surtout, le remarquable Christophe Pelé qui réinvente la cuisine française au Clarence selon des techniques asiatiques (vision originale). Mocotò, à Sao Paulo est couronné Resto sans réservation de l’année pour sa cuisine locavore ultrafraîche et sans prétention, tandis qu’aux antipodes sur l’échelle du luxe, le tokyoïte Inua créé par un transfuge du Noma remporte la palme de l’arrivée de l’année. L’événement de l’année? Le Refugee Food Festival créé par l’ONG Food Sweet Food avec le soutien du HCR pour confier les clés de restaurants à des migrants, alors que l’action de Food for Soul avec ses Réfectoires solidaires créés par Massimo Bottura et Lara Gilmore, est saluée pour sa pensée éthique.

L’Atmosphère qui a enthousiasmé le jury est celle de Vespertine, dans une tour de Los Angeles évoquant un exosquelette d’acier, avec un fond sonore composé tout exprès par un groupe texan. Enfin, deux adresses irlandaises sont aussi primées, l’une pour la qualité de son service (Ballymaloe), l’autre pour une collaboration remarquable (le resto végétarien Paradiso et son maraîcher Gortnanain), alors que la journaliste Lisa Abend est distinguée pour un article paru dans Fool Magazine. 

(Véronique Zbinden)