A la suite de l’abandon par GL Events du Salon Sirha Genève, l’Académie suisse du Bocuse d’Or revient à ses premières amours. Dès 2019, le candidat suisse à la finale européenne sera désigné lors du Cuisinier d’Or.
C’est une manière de retour au bercail pour le Bocuse d’Or. De 2004 à 2010, soit jusqu’à la création par GL Events du Salon Sirha Genève, dont la première édition s’est tenue en 2012, Le Cuisinier d’Or a fait office de sélection suisse pour le concours de cuisine initié en 1987 par Paul Bocuse. Une période qui évoque des souvenirs heureux pour la Suisse: on se rappelle en effet que c’est au Kursaal de Berne, dans le cadre du Cuisinier d’Or, que Franck Giovannini a décroché par deux fois (2006 et 2010) son ticket pour la finale de Lyon, où il a remporté le Bocuse de Bronze en 2007 – la meilleure performance jamais réalisée à ce jour par un cuisinier helvétique.
Aussi logique soit-il, eu égard au destin lié des deux manifestations, le rapprochement entre la Sélection suisse du Bocuse d’Or et Le Cuisinier d’Or a toutefois eu besoin d’un petit coup de pouce pour s’opérer. En l’occurence la décision de GL Events de tirer un trait sur le Sirha Genève, dont la dernière édition en date, qui s’est tenue en janvier 2018, avait souffert d’une certaine désaffection de la part des exposants, avec à la clé un redimensionnement de l’espace concours accueillant la Sélection suisse du Bocuse d’Or. L’abandon de cette manifestation qui aura connu au total quatre éditions n’est donc pas une surprise, témoin d’un désamour pour les foires professionnelles confirmé par l’arrêt de Gastronomia à Lausanne, et que tentera d’enrayer le Salon CaReHo, prévu du 25 au 27 novembre à Martigny (VS).
Face à cette nouvelle donne, l’Académie suisse du Bocuse d’Or – seul partenaire agréé par GL Events – se devait de trouver une alternative. Intégrée dans le cadre d’un Salon professionnel, la Sélection suisse était déjà en soi une opération coûteuse, avec un budget à six chiffres financé par le soutien de fidèles partenaires; en volant de ses propres ailes, la manifestation aurait à n’en pas douter vu ses coûts exploser. Impensable pour le président de l’Académie, Franck Giovannini, qui, avec l’aval de son comité, s’est donc rapproché des organisateurs du Cuisinier d’Or, placé sous l’égide de Kadi.
Résultat des courses? L’intégration de la Sélection suisse du Bocuse d’Or au sein du Cuisinier d’Or, et ce dès le 25 février 2019. A cette date se tiendra la finale du concours pour laquelle se sont qualifiés le 27 octobre dernier six candidats, dont l’un aura l’honneur de représenter la Suisse à la Sélection européenne du Bocuse d’Or en 2020. L’avantage de la formule est double: elle permet d’une part de limiter considérablement les coûts, et, d’autre part, de sélectionner le candidat helvétique un mois seulement après la grande finale lyonnaise.
Et si l’on pourrait croire que les deux concours fusionneront, il n’en sera en réalité rien. Tous les participants concourront certes au Cuisinier d’Or, mais seuls les cuisiniers de nationalité suisse auront une chance de remporter la Sélection suisse du Bocuse d’Or, et ce en vertu de règles communes à tous les pays où se déroulent une compétition nationale. Il pourra donc y avoir deux gagnants, ou un seul si le meilleur est helvétique.
Parallèlement à ce retour à Berne, l’Académie suisse du Bocuse d’Or a voulu perpétuer les liens forts qu’elle a tissés au fil des ans avec Palexpo Genève. C’est la raison pour laquelle le Swiss Finger Food Trophy, concours par équipe sur le thème du finger food dont elle a déjà organisé quatre éditions (les deux premières au Comptoir Suisse à Lausanne, les deux suivantes au Salon suisse des Goûts et Terroirs à Bulle), aura lieu dès l’an prochain durant Les Automnales.
(Patrick Claudet)