Placée sous le signe du changement, la douzième édition de la manifestation a accueilli nombre de Suisses.
Le premier est étonnamment doux, avec des notes de miel et de cerise, le deuxième marqué au contraire par une belle acidité et des arômes de fruits rouges, le troisième follement épicé, sauvage, avec des nuances de tabac. Ces grands crus de chocolat originaires d’Equateur, du Brésil et du Venezuela étaient proposés à la dégustation des visiteurs du douzième Salon du goût de Turin. Laura Schälchli est à l’origine de La Flor, formidable chocolat «Bean to Bar» qui redonne une vraie noblesse à cette tradition suisse souvent malmenée par l’industrie. De son côté, Ilario Garbani produit dans une des vallées les plus secrètes de Suisse, la Valle Onsernone, la farina bona, délicate spécialité à base de farine de maïs toastée aux usages sucrés ou salés traditionnels. La rencontre de l’artisan tessinois et du glacier turinois Alberto Marchetti a débouché sur une amitié fertile et des glaces moelleuses – aux saveurs insolites mi-noisette, mi-pop corn. Quant à Amadeo Arnold, il pétrit à l’ancienne son pain de seigle dans le village frontière de Simplon, à 1500 m d’altitude, et son levain chef vieux de 120 ans est entré au musée parmi les plus anciens du monde. Laura, Ilario et Amadeo étaient présents sur le stand suisse parmi d’autres produits protégés par Slow Food: l’emmental, le furmagin da Cion de Poschiavo, le sbrinz d’alpage ou le Zincarlin de Muggio.
Cette douzième édition de la plus grande manifestation du goût, organisée par Slow Food et réunissant 7000 délégués de 150 pays, avait pour thème «Food for change». On relevait avec plaisir le dynamisme de la délégation suisse emmenée par le directeur de Slow Food Suisse, Alexandre Fricker. Et la mise en lumière de produits relevant du patrimoine et emblématiques d’une vision nouvelle de l’alimentation. Des produits (ré)inventés par des start-up (de Plalocal aux insectes d’Essento) ou réveillés par les nouvelles générations aspirant à consommer «bon, propre et juste», selon le fondateur de Slow Food Carlo Petrini.
(Véronique Zbinden)