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Le Japon vit son âge d’or touristique et vise les 40 millions de visiteurs

D’ici à la tenue en 2020 des Jeux Olympiques de Tokyo, l’archipel entend doubler la fréquentation touristique étrangère. Un essor sans précédent qui concerne d’abord les grandes villes.

Tokyo – ici le quartier de Shibuya – est l’une des villes japonaises à bénéficier d’un afflux de visiteurs étrangers.jnto

A la suite du séisme de la côte Pacifique du Tohoku en 2011, et en prévision des Jeux olympiques d’été de Tokyo, le gouvernement japonais s’était fixé l’objectif d’accueillir 20 millions de touristes à l’horizon 2020. Dans cette optique, il avait adopté une série de mesures destinées à faciliter le séjour des voyageurs étrangers, élargissant entre autres la couverture wifi gratuite et munissant le personnel des transports publics d’une application assurant une traduction simultanée, et ce dans le but de répondre à des requêtes régulièrement formulées.

L’hôtellerie de luxe sous pression


Ce programme ambitieux a rapidement porté ses fruits et obligé le Japon à revoir ses prévisions, la barre des 20 millions d’entrées ayant été franchie en 2015 déjà. De fait, l’objectif initial a été doublé à 40 millions de visiteurs étrangers – une utopie il y a quelques années encore, mais un dessein jugé aujourd’hui réaliste eu égard à la progression rapide de la fréquentation touristique. Selon les statistiques encore provisoires fournies par l’Office national du tourisme japonais (JNTO), quelque 24 millions de personnes ont en effet visité l’an dernier le Japon, ce qui représente une hausse de 21,8% par rapport à l’année précédente.

Cet essor rapide s’explique par le taux de change favorable du yen, qui encourage la clientèle européenne, américaine et asiatique à visiter l’archipel, mais son ampleur est liée à un phénomène d’une autre nature. Depuis l’assouplissement des conditions d’octroi des visas, les Chinois et l’ensemble de la clientèle asiatique plébiscitent massivement le Japon, où ils se ruent notamment sur les montres suisses, les appareils électroniques, les produits cosmétiques et autres articles de pharmacie. Pour mieux saisir l’importance de ce trend, un seul chiffre: de janvier à décembre 2016, 6,373 millions de Chinois (+27,3%) sont entrés dans le pays, devançant les ressortissants de Corée du Sud (5,09 millions/+27,2%), de Taiwan (4,167 millions/+13,%) et de Hong-Kong (1,839 millions/+20,7%). Pour les hôteliers, le boum du tourisme asiatique en général, et chinois en particulier, représente un défi de taille.

De passage à Berne dans le cadre d’un séminaire organisé il y a quelques mois par Jetro (Japan External Trade Organization) et l’Ambassade du Japon en Suisse, Christian Schaufelbühl, directeur général du Swissôtel Nankai Osaka, avait relevé que les hôtels des principales villes touristiques (Tokyo, Osaka, Kyoto) affichent souvent complet, tout comme les lignes des Shinkansen reliant les régions du Kansai et de Kanto. Un afflux massif de visiteurs qui donne parfois lieu à des scènes cocasses dans les grands centres touristiques, dont les rues sont remplies de touristes charriant de grosses valises remplies de produits en tout genre, et où les visiteurs européens ou américains photographient leurs homologues chinois en pensant qu’il s’agit de Japonais. Sous l’effet de cette frénésie commerciale, le secteur immobilier connaît lui aussi un rebond inattendu.

Dans la capitale, le prix du mètre carré a augmenté l’an dernier pour la première fois depuis huit ans sous l’effet de l’afflux de touristes étrangers, notament à Ginza où plusieurs centres commerciaux ont vu le jour ou sont en cours de construction. Il suffit d’ailleurs d’arpenter les larges avenues de ce quartier emblématique, proche du Palais impérial et du quartier d’affaires de Marunouchi, pour observer le bouleversement que connaît actuellement le Japon, destination confidentielle il y a une quinzaine d’années encore, et aujourd’hui nouvel eldorado touristique. Mais si les habitués assistent avec un mélange de stupéfaction et de crainte à cette transformation spectaculaire, le constat est à nuancer. Dans la capitale, et dans toutes les grandes villes de l’archipel, il suffit en effet de sortir des sentiers battus pour retrouver la quiétude de quartiers où il fait bon flâner.

A Asakusa, le marché touristique et l’accès au temple le plus connu de Tokyo sont certes submergés de touristes, mais les ruelles parallèles sont curieusement désertes. Tout comme les régions situées en périphérie de Tokyo, Osaka et Kyoto, où la fréquentation est certes moindre mais l’attrait de la découverte tout aussi grand.

Patrick Claudet

Davantage d’informations:
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