En marge de la remise du Prix du bi- et plurilinguisme, une table ronde sur le thème des langues dans la formation professionnelle a été organisée mi-septembre à Delémont.
C’est à l’initiative de la fondation Forum du bilinguisme, créée à Bienne en 1996 et dirigée par Virginie Borel, que le Prix du bi- et plurilinguisme a été lancé il y a 12 ans. Parallèlement à la remise du trophée 2023 à un lauréat qui milite à sa manière pour les échanges interculturels (lire encadré), une discussion animée par la directrice du Forum du bilinguisme s’est penchée sur les enjeux liés à la formation professionnelle, et au rôle déterminant que joue en Suisse l’apprentissage des langues.
Fabien Fivaz, Conseiller national (VERTS/NE)
Dans un contexte marqué par la volonté de donner parfois la priorité à l’anglais au détriment des langues nationales, notamment lorsque la réforme de la formation des employés de commerce a été évoquée en commission fédérale, le conseiller national Fabien Fivaz (Verts/NE) a souligné l’importance de ne pas réduire la langue à un vecteur de communication. «Si on la limite à cet aspect-là, on renonce à en faire un objet à part entière, avec pour conséquence de se couper de sa dimension culturelle», a-t-il expliqué en substance. Par ailleurs, il a dit craindre toute limitation de l’apprentissage des langues, qui serait «un frein à la perméabilité du système de formation, qui permet de passer de l’AFP au doctorat universitaire».
Membre du conseil de fondation de Swiss Skills et président de la Conférence suisse des offices de formation professionnelle, Christophe Nydegger a mis en exergue un double problème: d’une part, les grandes organisations professionnelles ont souvent leur siège à Zurich; d’autre part, les Romands ne maîtrisent pas toujours l’allemand. A ce propos, Olivier Hägeli, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Jura, a livré un message positif aux francophones qui désespéreraient de maîtriser un jour la langue de Dürrenmatt. «Moi qui n’étais pas très bon élève, j’ai eu le déclic quand j’ai compris que ce n’était pas grave de faire des fautes en s’exprimant», a relevé le CEO de Willemin Macodel SA, dont les employés sont encouragés à effectuer des séjours linguistiques de longue durée.
(Patrick Claudet)
Remis chaque année depuis 12 ans par le Forum du bilinguisme, le Prix du bi- et plurilinguisme récompense des personnes ou des institutions qui contribuent à la promotion des langues nationales. Cette année, la récompense – symbolisée par une statue de l’artiste soleurois Schang Hutter – a été remise à la fondation Swiss Skills, qui contribue non seulement à la promotion de la formation professionnelle mais aussi à l’échange entre communautés linguistiques.