La Semaine du Goût n’a connu que deux marraines en 19 éditions. Elle se rattrape en nommant les 22 Artisanes du vin, toutes marraines, cette année.
Dix-sept, de toute la Suisse romande, étaient présentes dans l’antre des Mines de sel de Bex, pour le lancement des candidatures pour les événements de la Semaine du Goût. «En 2001, pour la première manifestation, il y avait 140 rendez-vous et, l’an passé, 2500», a rappelé l’initiateur, aujourd’hui directeur, Josef Zisyadis. Ces candidatures, qui s’enregistrent en ligne jusqu’au 30 avril, passent ensuite par la moulinette de comités régionaux.
Pour Josef Zisyadis, combattre la malbouffe par un «changement de mentalité» reste une priorité. Porte-parole des Artisanes du vin, la Vaudoise Noémie Graff est sur la même ligne en affirmant que «le goût est affaire de chacun, donc de tous». Elle a souligné que si les plus conservateurs voient volontiers la femme à la cuisine, les marraines du goût n’avaient été que deux en près de 20 éditions (la vingtième en 2020). Hormis Marie-Thérèse Chappaz, seul Paolo Basso, meilleur sommelier du monde, ont représenté le vin, jusqu’ici.
Pour la talentueuse vigneronne de Begnins (VD), «le vin est devenu un plaisir hédonique et a perdu son statut de plus hygiénique des boissons». Au fil du temps, l’ancestrale et méditerranéenne trilogie pain-huile d’olive-vin s’est muée en toast-huile-de-palme-soda… Pour Noémie Graff, «la disparition du goût va de pair avec la perte de la patience. Ce temps, à retrouver, le vin l’illustre parfaitement, des travaux de la vigne, à l’élevage, puis à la consommation. Le vin reste le symbole important de la convivialité». Cette année, les Artisanes du vin fête les 20 ans du mouvement. Les anciennes ont cédé leur place à de jeunes vigneronnes, dont plusieurs sont (encore) peu connues. Présidées par la Vaudoise Mélanie Weber, de Cully, les 22 Artisanes sont bien représentées à Genève, dans le canton de Vaud, à Neuchâtel et en Valais. Beaucoup moins au Tessin (une seule œnologue) et en Suisse alémanique (quatre membres). Elles entendent se faire connaître lors de la Fête des Vignerons de Vevey, où elles ont décroché un des trois bars dans l’enceinte officielle du spectacle, où elles se relaieront pour aller à la rencontre du public.
La Semaine du Goût a signé, il y a trois ans, un partenariat avec Swiss Wine Promotion: l’occasion de mettre en lumière le Swiss Wine Gourmet, qui classe 1100 établissements publics en fonction de l’offre des vins suisses, avec un label de un à trois verres, selon qu’on propose des vins d’une seule région de production ou jusqu’à six (trois verres, le maximum). Un programme permet de tester et d’améliorer ses connaissances en ligne, aussi.
On sait que c’est Montreux, qui sera, cet automne, la Ville suisse du Goût. Un comité local s’active pour proposer des activités, de la Bénichon fribourgeoise au Marché couvert, à la fête du pain du quartier de Tavel, en passant par l’école des métiers de bouche de Clarens et la cuisine largement métissée sur les quais. Et puis, la Fondation de la Semaine du Goût que préside le politicien genevois Robert Cramer s’apprête à lancer, début mai, le projet des Grands sites du goût suisses, avec l’appui de la Confédération et de Suisse Tourisme. Quant à la Semaine elle-même, elle sera ouverte le 11 septembre, à Berne, en présence du gratin fédéral, régalé par le chef du Pont de Brent, Stéphane Decotterd. Depuis quelques mois, le chef des hauts de Montreux a courageusement banni les ingrédients d’origine lointaine de ses menus et s’est porté sur des produits locaux, aussi diversifiés que le fromage de chèvre de Forel, le sérac de Sorens, le caviar de Susten, la volaille de la Gruyère ou la fleur de sel des Alpes, servis dans les Mines de sel de Bex aux participants à ce lever de rideau.
(Pierre Thomas)