Avec un tiers de «matière première» en moins sur la moyenne décennale, la vendange valaisanne 2017 a été la plus faible depuis 1966. Le millésime s’avère toutefois «solaire», grâce à la canicule de l’été.
Les Valaisans savent faire leur «show», à commencer par Gérard-Philippe Mabillard, le directeur de l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVVS), citant Saint-Exupéry et «Terre des hommes», et par la «bête politique» qu’est le conseiller d’Etat Christophe Darbellay, entré en fonction trois jours après les trois nuits de gel de la fin avril 2017. Et qui, comme l’a souligné Yvan Aymon, le président de l’IVVS, a pris rapidement les choses en main.
Le Valais a déclenché une série d’aides, même si, a reconnu le magistrat, à long terme davantage en faveur de l’arboriculture que de la viticulture. Un fonds de 5 millions de francs de la Loterie Romande a notamment pu être utilisé pour des aides ponctuelles. En 2016, le Valais affichait 41 millions de litres de vin, en 2017, un peu moins de 27 millions de litres. Ce qui représente un manque à gagner de 37 millions de francs pour la viticulture, un chiffre à multiplier par deux ou trois, malgré la possibilité de coupage avec du vin suisse AOC, élargie exceptionnellement pour le millésime 2017, et qui devrait permetre aux négociants de maintenir leurs parts de marché. Les vignerons-encaveurs ont aussi été libérés de la limitation de la vendange d’appoint. Ainsi, Marie-Thérèse Chappaz, la présidente de leur association, propose, en entrée de sa gamme, un fendant et un rosé «des copains», «avec du raisin AOC Valais de superbe qualité cultivé en biodynamie, acheté auprès d’amis». Détail qui a son… prix: selon Yvan Aymon, «malgré la pénurie (de vin), on n’enregistre pas de spéculation (sur les prix)».
Mais le propos n’était pas tant de parler chiffres que de découvrir les premiers flacons de ce 2017. Auparavant, l’œnologue cantonale, Corinne Clavien, a mis en exergue l’excellence du millésime, qui s’avère, grêle mise à part, «un des plus chauds», avec un débourrement précoce, puis une période caniculaire en août, qui a engendré une «grande concentration sur de petites baies de raisin», récoltées «dans un état sanitaire parfait» jusqu’en octobre et son «été indien». 2017, en blanc comme en rouge, réussit à allier «fraîcheur d’arômes et concentration».
Restait à déguster, selon une formule habile, quoique curieuse: les huit caves lauréates des «étoiles d’or» proclamées fin 2017 proposaient leur «nouveau millésime», pour lequel elles n’ont pas été primées… Qu’un vin réussisse à être le meilleur de sa catégorie, coup sur coup, aux Sélections du Valais, n’est pas impossible, mais rarissime. De toute manière, il faudra attendre septembre, et les résultats du concours, pour le savoir.
Une chose est sûre: les vins de 2017 seront plus aisés à déguster en septembre qu’actuellement, où ils viennent d’être mis en bouteille, alors que leur concentration mérite précisément un peu de repos. Des vins présentés, j’ai préféré les rouges, une dôle classique, gourmande et équilibrée de Gaël Roten, à Savièse, qui a repris la cave La Petite Saviésanne, de feu Bernard Dubuis, l’humagne rouge de la Cave Le Banneret, à Chamoson, d’un beau fruit bien mûr, typée et fraîche, et un vin pas encore mis en bouteille, une superbe syrah Grand Cru de la Ville de Sion, de Frédéric Dumoulin, de la Cave de l’Orpailleur à Uvrier, un vin élevé 18 mois en barriques, et tiré à 1500 bouteilles dans le millésime 2016.
Lors des «caves ouvertes» valaisannes du week-end de l’Ascension, il a été possible d’apprécier les mérites comparés des 2016 et des premiers 2017, notamment aux «jardins de Sion», qui regroupait une quinzaine des encaveurs de la «capitale» dans une «garden party» au Domaine bourgeoisial des îles.
(Pierre Thomas)