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Sourya Rochat, ou le triomphe de la volonté

Gagnante en mars dernier du Poivrier d’Argent qui récompense le meilleur apprenti cuisinier de Suisse romande et du Tessin, la jeune membre de Hotel & Gastro Union vient d’achever sa formation initiale.

Membre de Hotel & Gastro Union, Sourya Rochat va rejoindre Pierrot Ayer. (DR)

On la retrouve en fin d’après-midi à l’Ecole professionnelle de Montreux (EPM), là où elle vient de terminer avec brio son apprentissage de cuisinière, et où règne déjà un petit air de vacances. Dans quelques jours aura lieu la cérémonie de remise des CFC au SwissTech Convention Center de l’EPFL, et, si elle sait déjà qu’elle ne sera pas célébrée comme la meilleure apprentie du canton en dépit de son excellente moyenne, Sourya Rochat n’en affiche pas moins une mine radieuse. A côté d’elle gambade son jeune chiot, un Shar-peï d’une année qu’elle a retrouvé avec bonheur en fin de journée, et l’heure n’est clairement pas à la déception.   

Trois titres durant son cursus

Et pour cause. Sourya Rochat peut se targuer d’avoir non seulement accompli un parcours sans faute au sein de l’EPM, mais aussi de s’être illustrée à plusieurs reprises lors de concours et d’avoir décroché trois titres durant son cursus. Le dernier en date est celui du Poivrier d’Argent, qui récompense le meilleur apprenti cuisinier de Suisse romande et du Tessin, et pour lequel elle s’était qualifiée en remportant le Concours du meilleur apprenti vaudois de cuisine. Deux souvenirs très forts partagés avec sa famille et ses proches que vient compléter sa victoire en décembre 2017 au Swiss Finger Food Trophy organisé par l’Académie du Bocuse d’Or suisse, et pour lequel elle avait formé l’équipe montreusienne KoEzion avec Sophie Gloor et Eliott Neuhaus sous la conduite du coach Martial Stocky. Le souvenir de ce triomphe survenu à Bulle dans le cadre du Salon des Goûts et Terroirs est d’autant plus savoureux qu’il est intervenu à la suite d’une déconvenue.

«Lors du Challenge Benoît Violier en 2016, le tout premier concours auquel j’ai participé, je m’étais beaucoup investie en amont avec mes autres camarades et notre échec a remis en cause beaucoup de choses. Par chance, je ne me suis pas découragée et j’ai persévéré», explique la jeune Vaudoise.

Réapprendre les goûts

Cette capacité à rebondir doublée d’une réelle passion pour la cuisine, Sourya Rochat l’a depuis toujours. Ou du moins depuis le jour où elle a pris la décision d’entamer un apprentissage de cuisinière, un choix qui n’avait rien d’évident. «Dans un premier temps, j’ai fréquenté le gymnase dans le but de poursuivre mes études à l’université ou dans une école hôtelière, mais je me suis rendue compte assez rapidement que ce cursus n’était pas fait pour moi.» Elle décide alors de quitter le gymnase, ce qui crée de vives discussions au sein de sa famille. «Ma mère a grandi dans une famille modeste de la campagne thaïlandaise. Pour elle, les études sont le meilleur moyen de garantir son avenir professionnel, d’où son choc quand je lui ai parlé de suivre un apprentissage. Mais elle a fini par comprendre mes motivations et m’a soutenue dans ma démarche, tout comme mon père.»  

Mais avant de se lancer dans sa nouvelle vie, elle doit faire preuve de patience. Certes, sa rencontre, déterminante, avec Daniel Chatagny lui permet de s’assurer une place d’apprentissage à l’EPM, mais pas avant douze mois. Dans l’intervalle, elle se lance dans une formation d’employée en économie familiale, au cours de laquelle elle travaille au sein d’une famille comprenant deux jeunes enfants dont elle a la charge. «J’ai beaucoup appris sur la vie et moi-même lors de cette expérience. D’une part, j’ai fait mes premiers pas dans la vie active et découvert un nouvel environnement, et, d’autre part, j’ai dû assumer d’importantes responsabilités en m’occupant de deux enfants âgés de trois et quatre ans.»

A la suite de cette année humainement très riche, elle débute en 2015 sa formation initiale de cuisinière à l’EPM. Si les premières semaines sont difficiles, Sourya Rochat peut toutefois compter sur sa maturité et son expérience professionnelle préalable. Son plus grand défi? Réapprendre le goût! «Dès mon plus jeune âge, ma mère – qui dirige aujourd’hui une entreprise de service traiteur dans la région de Moudon – m’a initiée à la cuisine thaïe. Pour moi qui suis également bilingue, cela a bien entendu été culturellement très riche, mais j’ai dû revoir mes fondamentaux au moment où j’ai commencé mon apprentissage.»  

Chez Pierrot Ayer dès octobre

Sa volonté à toute épreuve et son optimisme forcené contribuent à en faire très vite un élément brillant, qui s’intéresse non seulement aux concours mais aussi à la valorisation de son métier. C’est dans cette optique qu’elle adhère d’ailleurs à la Société suisse des cuisiniers, l’une des cinq sociétés professionnelles de Hotel & Gastro Union, dont elle partage les buts et apprécie l’engagement en faveur de tous les collaborateurs de l’hôtellerie-restauration. «Etre membre est aussi une manière d’être en contact avec mes collègues de la branche et d’élargir mon réseau, ainsi que de me tenir informée», ajoute-t-elle.

Quid de l’avenir? Sourya Rochat l’évoque en soulignant l’importance de sa formation et de sa double culture. «Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir compter sur un solide bagage professionnel, qui me permettra peut-être un jour de travailler à l’étranger. Notre métier nous offre cette chance extraordinaire, et, vu mes racines, j’aimerais beaucoup me rendre en Asie où la tradition culinaire revêt une importance particulière. S’il fallait choisir une destination, je dirais spontanément Honk-Kong, Singapour ou encore Taïwan, mais il s’agit encore d’une musique d’avenir.»

Dans l’intervalle, elle compte en effet parfaire sa formation professionnelle en rejoignant dès octobre prochain le chef Pierrot Ayer, lui qui s’apprête à rouvrir un établissement à Fribourg dans le bâtiment abritant le siège de la Banque cantonale de Fribourg. Une nouvelle aventure gastronomique à laquelle elle a bien entendu hâte de participer. 

(Patrick Claudet)


Davantage d’informations:

www.hotelgastrounion.ch/ssc