Frappés de plein fouet il y a une dizaine d’années par l’essor des réservations en ligne, les agences et autres tour-opérateurs ont retourné la situation à leur avantage. Avec à la clé une hausse des ventes en prévision de la saison d’été.
Alors que des pans entiers de l’économie mondiale sont en train de s’ubériser, pour reprendre le néologisme entré cette année dans Le Petit Robert, il est un secteur qui jouit d’un statut d’observateur que beaucoup lui envient. Bien qu’en concurrence directe avec de nombreuses plateformes Internet, les agences de voyages et tour-opérateurs helvétiques sont en effet parvenus à contredire les pronostics selon lesquels ils étaient condamnés à disparaître dans un avenir proche.
«Certes, le nombre d’agences de voyage a diminué de 40% au cours des 10 dernières années, mais celles qui demeurent sont parvenues à valoriser leur savoir-faire et faire revenir une part importante de la clientèle qui les avait délaissées au profit des opérateurs en ligne», lance Stéphane Jayet, membre du comité de la Fédération suisse du voyage (FSV) qui compte plus de 900 membres, lesquels génèrent environ 80% des ventes de la branche.
La transition ne s’est bien entendu pas faite sans douleur, d’autant qu’elle avait été précédée de la suppression des commissions versées par les compagnies aériennes et de l’arrivée des transporteurs low-cost. A ce titre, EasyJet, qui dispose depuis 1998 d’une base opérationnelle en Suisse et dont les activités n’ont depuis jamais cessé de se développer, a joué un rôle important. Le mode de réservation par segment et le calcul du prix en fonction de l’offre et de la demande ont bouleversé le modèle économique de l’aviation civile, jusqu’à contaminer les compagnies dites traditionnelles.
Dans ce contexte, les agences de voyages ont dans un premier temps subi de plein fouet le changement de paradigme, incapables de retenir une clientèle jusqu’alors fidèle, y compris lorsqu’elle leur confiait la réservation de leurs courts séjours dans les capitales européennes, mais s’improvisant soudain agent de voyage quitte à surfer des heures pour trouver le meilleur tarif.
Les incertitudes liées
au contexte géopolitique contribue
lui aussi au retour
des Suisses dans les agences de voyages.
Le constat est particulièrement valable en ce début d’année. A fin janvier, la FSV annonçait en effet une hausse moyenne des ventes de 5 à 10% en prévision de la saison estivale. Les destinations les plus prisées sont l’Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre (en très forte croissance depuis deux ans), la Sardaigne, la Corse, la Scandinavie et, dans une moindre mesure, le Canada et les Etats-Unis qui ne semblent pour l’heure pas souffrir à la suite de l’élection de Donald Trump.
«En raison de l’effondrement de l’Egypte, la Tunisie et la Turquie, l’Espagne est littéralement prise d’assaut. Et comme le phénomène n’est pas seulement suisse mais européen, les prix ont pris l’ascenseur, d’où les nombreuses réservations anticipées survenues en début d’année.»
Le dynamisme des compagnies du Golfe favorise aussi le secteur long-courrier, les tarifs avantageux encourageant les Suisses à opter pour la Thaïlande, le Sri Lanka et les Seychelles, notamment.
Patrick Claudet
Membre du comité de la Fédération suisse du voyage, Stéphane Jayet est aussi directeur et administrateur de VT-Vacances, tour-opérateur basé à Ecublens (VD), et dont la spécialité est le bassin méditerranéen jusqu’à Chypre, ainsi que l’Espagne, le Portugal, les îles de l’Atlantique (Canaries, Açores, Madère, Cap-Vert), Madagascar, l’Amérique du Sud et centrale.
Parmi les nouveautés de cette année figurent le lancement de Chypre (en attendant la Croatie en 2018) et la programmation de vols au départ de La Chaux-de-Fonds et de Sion.
Deux aéroports périphériques offrant de nombreux avantages et qui, à l’instar de l’aéroport de Berne, séduisent une clientèle toujours plus nombreuse.