Pour la première fois de son histoire, le concours «gusto» a vu la victoire d’un apprenti romand, Léo Turin, qui a surclassé les huit autres jeunes finalistes.
Il est apprenti de 3e année au Restaurant du Théâtre à Monthey (VS), et, s’il a envoyé l’an dernier son dossier de candidature aux organisateurs du «gusto», c’est parce que son professeur et son maître d’apprentissage l’y avaient encouragé. Une fois sélectionné pour la finale, Léo Turin s’est entraîné aux côtés de Didier de Courten, chef du Restaurant Didier de Courten (19/20 Gault & Millau, 2 étoiles Michelin) à l’hôtel Terminus de Sierre (VS), là où il a répété son menu tous les jeudis.
Des efforts qui ont porté leurs fruits, puisque, à l’issue de la finale qui s’est tenue le 30 mars dans les locaux du Centre de formation professionnelle de Baden (AG), il a remporté la 13e édition de l’unique concours suisse exclusivement dévolu à la relève, dont le thème était «originalité totale, mais sans gâchis». Tout n’a pourtant commencé de manière optimale pour le Valaisan de 20 ans. Habitué à travailler avec le gaz dans son établissement, il a dans un premier temps rencontré quelques difficultés avec les plaques à induction.
Pas de quoi le décontenancer, lui qui possède une bonne maîtrise technique, mais un facteur de stress supplémentaire qu’il a fallu gérer pendant que les membres du jury l’observaient, et que la gagnante de 2012, Elisabeth Albrecht, assurait pour la première fois l’animation de la retransmission en direct sur Internet. Léo Turin a néanmoins repris très vite ses marques, parvenant à se concentrer sur la préparation de son menu composé d’un hors-d’œuvre (suprême de poulet bio suisse sur timbale de macaronis aux morilles, émulsion au brocoli et damier de cuisses de volaille poudré au mimosa) et d’un plat principal (filet de porc rôti et pique de jambon cru, crumble de pain rassis, joues de porc braisées, oignons et asperges vertes bio du Valais avec son espuma de pomme de terre).
Sur le moment, a-t-il eu le sentiment qu’il accomplissait une prestation de haut vol? «Au niveau des goûts, j’étais sûr de mon affaire étant donné que j’ai retrouvé, en goûtant mes plats, les saveurs que j’avais travaillées. Pour ce qui est de l’aspect visuel, j’ai eu le sentiment d’avoir été parfois meilleur à l’entraînement, et, quand j’ai eu l’occasion de voir les créations des autres finalistes, je me suis dit que rien n’était gagné.»
Une impression confirmée le jour suivant, lors de la soirée de gala animée au Seedamm Plaza par Sven Epiney, célèbre présentateur de télévision alémanique et partenaire fidèle de l’événement, et à laquelle assistaient quelque 400 professionnels de la branche. Sur la scène, Urs Messerli, propriétaire de Mille Sens Group et membre du jury de dégustation, a certes relevé le fait que certains plats auraient pu être encore travaillés, mais Doris Vögeli s’est montrée élogieuse vis-à-vis des participants.
Présidente du jury et membre de la Commission des concours de la Société suisse des cuisiniers, chargée de sélectionner dans le cadre d’une procédure anonyme les neuf finalistes parmi les quelque 80 dossiers de candidatures reçus, elle a en effet souligné l’excellent niveau de l’ensemble des plats présentés. Un enthousiasme partagé par Philipp Dautzenberg, président de la société organisatrice du concours Prodega/Growa/Transgourmet, qui s’est particulièrement réjoui de la manière dont les jeunes professionnels se sont investis dans la préparation du concours.
A ses yeux, il s’agit là d’une preuve supplémentaire de l’excellence de la formation en Suisse, d’où l’intérêt d’une tribune comme le «gusto» pour assurer la promotion de la relève. Présents eux aussi sur scène, les finalistes ont dû patienter encore quelques minutes avant de connaître leur classement. De son propre aveu, Léo Turin était à cet instant précis plus nerveux encore que lors de l’épreuve de la veille. «C’est vite vu, je n’ai rien mangé de toute la soirée», confie-t-il. Et, lorsqu’il a appris qu’il faisait partie du trio final, il a senti la nervosité monter d’un cran, jusqu’à ce que le nom du vainqueur ne soit annoncé. Soulagé, heureux et surpris à la fois, le Valaisan a savouré l’instant comme il se devait, avec une pensée pour toutes les personnes qui l’ont encouragé et soutenu dans son entreprise.
Et comme s’il cherchait à prouver qu’il garde la tête bien sur les épaules, loin de toute forfanterie, il était à son poste de travail le lendemain soir. Tout en songeant déjà à la perspective de son examen de fin d’apprentissage, prévu fin mai début juin. Grâce à cette victoire, Léo Turin partira 15 jours à Shanghai où il pourra notamment s’immiscer dans les cuisines du Grand Hyatt Shanghai. Classée au deuxième rang, Corina Trachsel s’envolera, elle, une semaine pour Barcelone, tandis que la troisième, Julie Hohl, séjournera à Lausanne une semaine aussi, avec à la clé un passage au Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier et à La Table d’Edgard. Pour mémoire, «gusto» est organisé par Prodega/Growa/Transgourmet sous l’égide de la Société suisse des cuisiniers.
Néanmoins, la réalisation de la manifestation n’est possible que grâce au soutien de nombreux sponsors issus de l’industrie et du commerce, parmi lesquels figurent notamment Bell, Emmi, Kadi, Mercedes Benz et Unilever Suisse en qualité de partenaires principaux, ainsi que d’autres entreprises qui contribuent de manière notable à la mise sur pied de cet événement.
Patrick Claudet
Les apprentis qui seront l’an prochain en 2e ou 3e année d’apprentissage et qui envisagent de soumettre un dossier de candidature peuvent d’ores et déjà bloquer les dates du 15 et 16 mars 2018, soit les jours durant lesquels auront lieu respectivement la finale et la proclamation du «gusto18». Le thème? Les «contrastes culinaires».
Davantage d’informations:
<link http: www.gustoevent.ch>www.gustoevent.ch