Le sondage sur la consommation du vin en Suisse, commandité à l’institut lausannois M.I.S. Trend par Swiss Wine Promotion, est toujours très attendu: la cinquième mouture en 18 ans vient d’être présentée à Lausanne. Lumière et ombres sur les vins suisses.
On a parfois tendance à surestimer la consommation du vin au café et restaurant. L’édition 2017 rappelle qu’elle ne concerne que 22% de la consommation totale, mais 26% chez les Romands (sans changement notable par rapport au premier sondage de 1999). Le vin est surtout consommé le week-end chez soi (53%) ou chez des amis (25%). Chez les consommateurs de vin, un univers qui boit de moins en moins («une fois par semaine ou plus», passe de 46% à 31% en 18 ans!), la tradition de l’apéritif arrosé se perd. Elle ne concerne plus que 14% des consommateurs, le soir, en semaine, et seulement 6% à midi en semaine, où ceux qui boivent un verre de vin au repas de midi sont toujours plus rares (5%)…
La bonne nouvelle, c’est que les vins suisses grappillent quelques faveurs face aux vins étrangers dans les restaurants, du moins chez les Romands et les Tessinois, qui sont presque la moitié à choisir un vin suisse à table. Les Alémaniques sont de leur côté plus réticents et le vin suisse n’obtient que le score de 41%.
C’est surtout pour «boire local» (pour 55% des clients) que le vin suisse est choisi, alors que le vin étranger est privilégié parce que le rapport qualité-prix est réputé meilleur ou que ces vins sont moins chers que les suisses. En général, au restaurant, le prix des vins est jugé cher ou même excessif, et davantage pour les vins suisses (72%) qu’étrangers (64%). Cette critique est plus sensible en Suisse alémanique: un tiers estime que le prix des vins suisses est excessif, en Suisse alémanique, contre un quart des Romands.
L’étude et sa centaine de tableaux fourmillent d’informations: elle est en ligne sur le site de Swiss Wine Promotion que 5% des 3000 sondés équitablement répartis entre Alémaniques, Romands et Tessinois ont déjà consulté (voir lien ci-contre). Commandée par Swiss Wine Promotion et par les responsables des offices régionaux de promotion, l’étude dresse le palmarès du ressenti du consommateur sur la qualité des vins des diverses provenances.
En réponse spontanée, les Valaisans obtiennent 56% de vins de bonne voire de grande qualité, les Vaudois, 43%, soit 13 points de moins, chez les consommateurs réguliers. Les meilleurs vins rouges sont perçus chez les Valaisans (52% — en baisse de cinq points par rapport au sondage de 2013). Mais ils se font talonner par les Tessinois (48%), très largement devant Vaud (25%, moins 3 points) et les Grisons (21%, moins 2 points).
La même question pour les blancs permet au Valais, en recul de 6 points, de faire jeu égal avec Vaud, en recul de 2 points, à 49%. Neuchâtel pointe au 3e rang (14% contre seulement 6% pour les rouges!) et Genève (11% contre 6% pour les rouges). La surface plantée en rouge a beaucoup augmenté dans ces deux derniers cantons, sans que la notoriété des vins en bénéficie. Toutefois, les rouges genevois sont perçus comme fiables pour les grandes occasions. Et à la mode: sur ce point, ce sont les mieux jugés de toute la Suisse!
Pour les blancs, le rang vaudois de champion ex-aequo, paraît flatteur, mais il est dû au recul des blancs valaisans et les blancs vaudois ont, en réalité, chuté de 57% de notoriété en 2004 à 48% en 2017. Rayon vaudois, les crus de Lavaux bénéficient de la meilleure image, tandis que les consommateurs identifient Neuchâtel à l’œilde-perdrix et le Valais au fendant et à la dôle, alors que «les spécialités» (petite arvine, humagnes, cornalin) progressent. Enfin, les grands crus, à géométrie variable selon les cantons, en attendant une nouvelle législation AOP-IGP fédérale, sont plutôt bien perçus: même si un quart des consommateurs sont vraiment convaincus de leur qualité supérieure, près de la moitié sont prêts à payer plus eux. Par contre, les 1ers grands crus vaudois, une notion introduite en 2012, peinent à convaincre. Il faut dire qu’ils n’étaient que 12 au départ et 28 aujourd’hui, et concernent une quantité minuscule du vin vaudois mis en marché chaque année.
(Pierre Thomas)