Apprentie cuisinière à Drognens (FR), Alicia Page évoque son expérience en tant que commis lors du plus prestigieux concours de cuisine helvétique.
«Sans la préparation au Cuisinier d’Or, je me serais ennuyée», lance Alicia Page quand on lui demande de quelle manière elle a concilié sa formation de cuisinière à la place d’armes de Drognens (FR), où elle vient d’entamer sa troisième année d’apprentissage, et l’entraînement intensif aux côtés d’Euloge Malonga, finaliste du Cuisinier d’Or 2021, qui l’avait choisie comme commis. Humble derrière son allure déterminée, la Fribourgeoise de 18 ans, par ailleurs membre de la Société suisse des cuisiniers, précise toutefois qu’au moment où elle s’est embarquée dans l’aventure, c’est-à-dire en début d’année, tout était fermé à cause des restrictions sanitaires. Du coup, pas de sorties entre amis, ni de répétition à la fanfare d’Orsonnens (FR), où elle joue du baryton après huit ans de cornet à pistons, et donc un risque bien réel, pour celle qui n’a pas tout à fait abandonné l’idée de devenir un jour ambulancière, de s’ennuyer.
Reste que le Cuisinier d’Or, concours d’envergure nationale, a représenté un défi de taille. D’abord parce qu’à Drognens la pandémie n’a jamais signifié l’arrêt des activités au sein d’une caserne en pleine transformation, et qui accueille quatre vagues de nouvelles recrues chaque année. D’autre part, en raison des nombreux entraînements effectués, les samedis ou en soirée, aussi bien à Täuffelen (BE), où Euloge Malonga était alors en poste, que sur la place d’armes, dont les cuisines ont été gracieusement mises à disposition. «En début d’année, j’étais sereine, car le mois de mai semblait lointain. Le stress est venu avec les entraînements complets, où il a fallu allier rapidité et précision», explique Alicia Page. Le jour J, elle s’est néanmoins sentie à l’aise dans le box, livrant une excellente prestation dans le délai imparti. Et si la quatrième place a forcément été une déception, elle dit avoir appris beaucoup de l’expérience, à la fois professionnellement et humainement.
De manière plus générale, le parcours de la Fribourgeoise illustre la grande polyvalence des apprentis formés par l’armée suisse. Ces derniers effectuent chaque année un stage de six semaines dans un établissement de l’hôtellerie-restauration. But de l’opération: découvrir une autre réalité et parfaire les connaissances du métier. A Berne, face à un jury constitué de pointures, Alicia Page était d’ailleurs clairement à sa place, comme en témoigne son maître d’apprentissage Olivier Wenger, qui l’a suivie tout au long de son aventure. La suite? L’apprentie de troisième année n’exclut pas de participer de nouveau à un concours de cuisine, mais sa priorité est pour l’heure d’achever brillamment sa formation, tout en savourant le retour à une forme de normalité.
(Patrick Claudet)
Originiaire d’Orsonnens, Alicia Page tient de sa grand-mère une passion pour la cuisine qui l’a encouragée à effectuer, alors qu’elle était au cycle d’orientation, un stage à Drognens. C’est là qu’elle a débuté son apprentissage en 2019 après un séjour linguistique à Sursee (LU).