Cinq candidats ont démontré leur talent, leur passion et leur créativité en finale du Cuisinier d’Or 2025. Et João Coelho n’est pas le seul à s’être distingué: participer à ce concours, c’est déjà faire partie des meilleurs.
Une fois encore, le Cuisinier d’Or dont c’était la 21e édition a offert une compétition d’exception, où l’intensité était palpable à chaque instant. L’émotion a pris le dessus chez certains candidats, des larmes ont coulé, tandis que d’autres ont laissé perler la sueur sur leur front sous la pression du concours. Le public, lui, n’a pas manqué d’animer l’événement en encourageant avec ferveur les finalistes. Au bout du suspense, c’est un candidat au pas de course qui s’est imposé. João Coelho, sous-chef poisson au Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier, a misé sur une cadence effrénée et un programme méticuleusement préparé. Son pari a payé: avec son commis Bruno Schneider, il a envoyé ses deux plats dans les délais impartis et convaincu le jury aussi bien par une esthétique soignée que par une exécution gustative irréprochable.
Dominic Bucher, vainqueur du concours en 2004 et co-animateur aux côtés de Sven Epiney, a souligné l’effet waouh des garnitures et la minutie des dressages. «On voit qu’il y a eu un énorme travail sur les moindres détails», a-t-il commenté. Mais c’est surtout le goût qui a fait la différence. «En concours, les assiettes arrivent souvent froides à la dégustation. João a anticipé en ajustant l’assaisonnement pour préserver l’équilibre des saveurs.» Autre détail marquant: une chapelure remplaçant le pain par des restes de poisson séché, une astuce ingénieuse pour réduire le gaspillage alimentaire.
Dominik Bucher, expert en gastronomie et vainqueur du Cuisinier d’Or 2004»
En cinq heures et demie, les cinq finalistes ont dû préparer une plat de poisson et un plat de viande pour douze personnes. Le vainqueur n’a pas seulement impressionné les animateurs, il a également conquis un jury prestigieux, présidé par Franck Giovannini qui n’accordait lui-même aucun point. L’assiette de poisson de João Coelho était composée d’un filet de sandre au cerfeuil, enveloppé dans une croûte d’herbes et de pistaches, enrobé d’une brandade croustillante, accompagné d’une fleur de céleri fondante aux filaments de safran du Jorat, d’un éclat d’oignon caramélisé aux graines de moutarde, d’une création de carotte aux zestes d’orange et d’une émulsion façon béarnaise au cerfeuil. Quant à l’assiette de viande, elle était tout aussi impressionnante: entrecôte de bœuf suisse glacée aux échalotes, poitrine de bœuf effilochée à l’origan sauvage et aromatisée au Dézaley de la Côte, accompagnée d’une pomme dauphine à la Tomme de Rougemont, d’un confit de courge butternut aux truffes noires de Provence, d’une tartelette de poire Williams et chutney de fruits acidulés, le tout relevé par une réduction intense de jus de braisage au genièvre.
João Coelho (à g.) et son commis Bruno Schneider s’étreignent après l’annonce de leur victoire, lundi 10 février, au Kursaal de Berne. (photos dr)
Mais João Coelho n’a pas été le seul à briller lors de la finale bernoise. Les cinq finalistes et leurs commis ont tous livré des prestations remarquables. Le deuxième du classement, Olivier Hofer, sous-chef au Domicil Selve Park à Thoune, a impressionné le public par son incroyable sérénité tout au long de l’épreuve. Jeune père de famille, il a présenté, selon Dominic Bucher, les assiettes les plus épurées, séduisant par leur simplicité et leur intensité gustative. Son commis, Fiona Wittwer, n’a pas seulement décroché la deuxième place: elle a également été élue Meilleur commise de la compétition. Quant à Elodie Schenk, cheffe du restaurant Le Tourbillon à Plan-les-Ouates, elle a séduit Dominic Bucher avec la cuisson parfaite de son plat de viande. Sa maîtrise technique lui a valu une place sur le podium, tandis que son approche globale et son engagement lui ont permis de décrocher le Prix du public.
(ahü/pcl)
João Coelho, un grand bravo pour votre victoire au Cuisinier d’Or. Avez-vous senti le jour J que vous faisiez une bonne prestation?
Dès mon inscription, j’ai cherché à donner le meilleur de moi-même, que ce soit à l’entraînement ou en concours. Lors de la finale, tout s’est parfaitement enchaîné: aucun retard, un rythme plus soutenu qu’à l’accoutumée et des saveurs maîtrisées. A mesure que le temps passait, la confiance s’installait.
Comment vous êtes-vous préparé pour la finale?
Après la demi-finale, je ne m’y suis pas mis tout de suite. D’abord, il y a toute la phase de création, qui doit être rigoureuse et respecter le thème, les saisons et les produits. Ensuite seulement viennent les tests: il faut s’assurer que chaque élément fonctionne en cinq heures et demie, qu’il est reproductible à grande échelle. Tout doit être clair avant de passer aux entraînements. Par exemple, pour une garniture, nous avons testé douze moules différents avant de trouver la bonne version.
Y a-t-il une pression particulière en représentant Crissier?
Bien sûr. Le pire résultat du restaurant, titré à cinq reprises avant ma victoire, c’est une deuxième place. Finir troisième aurait été une déception personnelle.
Qu’avez-vous ressenti lors de la proclamation des résultats?
Beaucoup de joie, surtout pour mes proches. J’avais 70 à 80 invités présents, des personnes qui m’ont soutenu tout au long de l’année, en m’aidant à tester, à affiner mes plats. Ce trophée, c’est aussi le leur.
(Patrick Claudet)
Originaire du Portugal, João Coelho découvre sa passion pour la cuisine à l’adolescence. Après une formation de trois ans, il enchaîne les expériences dans des restaurants étoilés à Porto et Budapest. Il arrive en Suisse en 2019 et intègre peu après le Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier, où il gravit vite les échelons jusqu’à occuper aujourd’hui le poste de sous-chef poisson.
Le Cuisinier d’Or est le plus grand concours de cuisine en direct de Suisse, organisé tous les deux ans au Kursaal de Berne. Créé il y a plus de 30 ans par Kadi SA, il a vu s’imposer des chefs aujourd’hui incontournables comme Shaun Rollier, Filipe Fonseca Pinheiro, Ale Mordasini et Elodie Manesse.