Jusqu’à présent, les participants à la Swiss Culinary Cup se concentraient uniquement sur le travail en cuisine et l’harmonie des saveurs. Désormais, le jury de dégustation attend qu’ils soient aussi capables de raconter l’histoire de leur plat principal.
Le président du jury Werner Schuhmacher aura fait une nouvelle fois durer le suspense jusqu’au bout lors de la cérémonie de remise des prix de la Swiss Culinary Cup (SCC) 2021. Les cinq finalistes ont connu des hauts et des bas tout au long de l’épreuve, mais, lors du sprint final, Dominik Altorfer a pu prendre l’avantage. Le chef de 25 ans qui travaille au Landgasthof Leuen, à Uitikon-Waldegg (ZH), a décroché le titre devant Nathalie Stupf-Hänni. Agée de 36 ans, la cheffe du Senevita à Berthoud (BE) avait les larmes aux yeux, car une coupure survenue dans le feu de l’action semblait lui avoir ôté toute chance de monter sur le podium. La troisième place est revenue à David Richards, 33 ans, chef du restaurant Koi Gartenteich à Häusernmoos (BE), qui finit au même rang qu’en 2017. Quant à la quatrième, elle a été partagée par Patrick Adam (34 ans), chef adjoint du Clienia Schlössli, à Oetwil am See (ZH), et Christian Bosco (22 ans), sous-chef à l’Osteria Enoteca Cuntitt, à Castel San Pietro (TI).
Cette année, les finalistes avaient 2h45 pour préparer et envoyer l’assiette d’amuse-bouche, le plat principal et le dessert sur le thème annuel de la Société suisse des cuisiniers (ssc) – Roots – à l’Ecole professionnelle de Baden. Pour la première fois dans l’histoire de SCC, les candidats se sont présentés devant le jury de dégustation pour raconter la manière dont ils ont conçu leur plat principal. Lors de la cérémonie de remise des prix qui a suivi dans la Trafohalle à Baden (AG), l’animateur Sven Epiney a tenu en haleine les 150 invités. En plus d’honorer les finalistes, l’ancien secrétaire général de la ssc, Norbert Schmidiger, est revenu sur les 48 ans d’histoire du concours. Et Werner Schuhmacher en a profité pour faire ses adieux au jury.
Sauter du lit à cinq heures du matin pour donner un coup de main dans la ferme familiale: c’est ainsi que Dominik Altorfer a pu constater dès son plus jeune âge qu’on s’occupe particulièrement bien du bétail à Urnäsch (AR). Voilà pourquoi le chef de 25 ans a mis l’accent sur ses racines terriennes quand il a raconté au jury la manière dont il avait cuisiné la viande de sa ferme et les légumes de son jardin. Il faut dire que la finale de la Swiss Culinary Cup jouait pour la première fois la carte du storytelling, valorisé cette année au même titre que le travail en cuisine et l’harmonie des saveurs dans l’assiette.
Les cinq candidats ont tous maîtrisé l’épreuve du récit avec brio et évoqué en deux minutes les souvenirs et les valeurs associés à leur plat principal. Bien qu’aucun point n’ait été attribué à l’exercice, le jury a ainsi pu mieux comprendre la façon dont les finalistes avaient conçu leur création.
De son côté, la cheffe Nathalie Hänni-Stupf, qui s’est classée au deuxième rang, a parlé de sa maison dans le Haut-Valais et du -plaisir que lui procure le spectacle des combats de reines. A travers son plat principal, elle a aussi voulu dévoiler le Valais qu’elle aime et ainsi toucher le cœur des membres du jury. David Richards, troisième, a pour sa part parlé de sa République dominicaine natale et de cette tradition culinaire qui consiste à accompagner le poulet de carottes et pommes de terre. Patrick Amann, quatrième de la finale de cette année avec Christian Bosco, a quant à lui fait référence à une ferme située à Hergiswil (NW), dont l’esprit a guidé sa main au moment de concevoir la recette de son plat principal. Enfin, Christian Bosco, qui est né en Italie, a combiné l’omble avec le missultin, une spécialité de poisson que l’on trouve dans la région lombarde de l’Insubrie.
Grâce aux récits qu’ils ont livrés le jour de la finale, les participants ont prouvé qu’ils savaient non seulement cuisiner, mais aussi se servir du pouvoir
des histoires pour sublimer leurs créations.
(rup/pcl)