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Sophie Dubuis «Le sommet biden-poutine est une bouffée d’oxygène»

Le tête-à-tête entre le président américain et son homologue russe va braquer les projecteurs sur Genève, dixit Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme.

Sophie Dubuis est présidente de Genève Tourisme. (Adrian Moser)

Sophie Dubuis, le sommet Biden-Poutine se tiendra finalement à Genève les 15 et 16 juin. Quelle a été votre réaction en l’apprenant?
C’est une excellente nouvelle, une vraie bouffée d’oxygène!

Que représente ce sommet, économiquement et symboliquement, pour la Ville?
C’est d’abord une formidable reconnaissance de Genève et de la Suisse au niveau diplomatique, d’une grande importance en termes d’image. Il faut souligner que c’est aussi la reconnaissance de l’aspect sécuritaire et des services que nous offrons: Genève est également retenue pour son accessibilité et la qualité de ses prestataires. C’est très important, enfin, symboliquement, après ce que nous venons tous de traverser.

Peut-on chiffrer les futures retombées d’un tel événement, notamment sur la base de précédents sommets?
Franchement, pour retrouver un événement comparable, par exemple la rencontre entre Reagan et Gorbatchev, il faut remonter aux années 1980, donc ce n’est pas vraiment pertinent. Et puis c’est encore trop tôt. En temps normal, l’ensemble du secteur représente quelque 3 milliards de francs de retombées économiques par an. Quand on aura plus de précisions, on pourra faire de savants calculs.

A l’heure de la réouverture, peut-on estimer les dégâts de la pandémie sur le secteur de l’hôtellerie-restauration?
L’hôtellerie occupe quelque 5000 personnes à Genève: après une forte augmentation du chômage au début de la pandémie, il est à nouveau en légère hause pour atteindre environ 5,25 %. C’est l’effet des RHT et autres mesures de soutien. Plusieurs études récentes montrent que les différents secteurs concernés – commerce, hôtellerie et restauration – subiront des pertes d’effectifs de 20 à 40 %. Les faillites ont été particulièrement peu nombreuses en 2020, mais ce n’est pas un indicateur auquel se fier à ce stade. C’est difficile de dresser un bilan complet alors que le secteur est en quelque sorte sous respirateur. En 2019, Genève a enregistré trois millions de nuitées. L’année dernière, on est tombés à environ un million.

Genève comptait 126 hôtels avant la crise, dont deux au moins ont fermé et un palace historique qui a changé de mains. Y en-a-t-il d’autres?
On en est toujours à environ 25 % d’hôtels fermés, qui vont rouvrir au fur et à mesure de la demande. Quant à savoir comment ou combien sont à risque, à moins d’avoir une boule de cristal, c’est impossible à quantifier.

En temps normal, le tourisme d’affaires représente 75 % de l’activité de l’hôtellerie genevoise: Genève semble dès lors une des villes les plus affectées?
Toutes les villes suisses et européennes sont touchées à peu près dans la même proportion, de Zurich à Genève ou Lausanne, avec des nuitées en baisse de 65 à 70 % pour le premier trimestre 2021, soit beaucoup plus que les régions de montagne. Pourtant, en comparaison internationale, il est intéressant de relever que Genève est moins touchée que les métropoles comme Londres ou Paris: les gens craignent logiquement d’aller là où il y aura de la foule.

Quelles projections faites-vous pour ces prochaines années et quels remèdes voyez-vous pour relancer le secteur?
Notre mission est de faire la promotion de ce qu’est Genève et c’est évidemment un peu compliqué dans la mesure où nous sommes financés par la taxe de séjour. On sait bien ce que nous voulons pour l’instant – vendre Genève aux Suisses et, plus largement, aux Européens –, mais on ne connaît ni la date de la reprise ni son ampleur, ni les moyens que nous aurons à disposition. D’ordinaire, on essaie de faire des plans à cinq ou dix ans, là on est plutôt sur une vision à quelques semaines ou mois; on réagit à court terme et on reste agiles.

(Propos receuillis par Véronique Zbinden)


Davantage d’informations:

www.geneve.com/fr