Les communautés asiatiques s’apprêtent à célébrer le Nouvel An lunaire en famille et autour d’une profusion de plats.
C’est une des plus gigantesques migrations humaines qui soient, la transhumance de plusieurs centaines de millions de Chinois réintégrant le giron familial pour y célébrer le Nouvel An lunaire. 2024 sera placée sous le signe du Dragon, chaque année étant associée à un des douze animaux du zodiac chinois. «Il s’agit de la plus grande fête des communautés asiatiques, qui débutera le samedi 10 février», explique l’expert Gérald Béroud. Sur place, la période officiellement fériée (du 9 au 16 février) entraînera une congestion phénoménale des infrastructures et sera prétexte à de grandes célébrations.
Le Nouvel An lunaire est la plus grande fête des communautés asiatiques, comparable au Noël des Occidentaux. (Keystone-ats)
Et en Suisse? Le calendrier de manifestations y sera aussi dense que divers, des ateliers pédagogiques de l’Ecole lausannoise de chinois aux activités grand public du Chinese Institute of Geneva, à Balexert (calligraphie, création de dragons ou d’affiches, concert de guqin ou cithare chinoise, parfum d’encens, dégustations de thé); des apéritifs, repas ou soirées de la Société Suisse-Chine, jusqu’aux offres plus exclusives de l’étoilé Tsé Fung, à la Réserve, à Bellevue.
La présence et l’offre de restaurants asiatiques en Suisse a de même considérablement évolué au cours des dernières décennies et beaucoup mettent la dernière main à leur menu de Nouvel An. Si la première vague de tables chinoises en Suisse romande, dans les années 1970-80, se voulait généraliste, mais aussi luxueuse et souvent occidentalisée, on découvre désormais une nouvelle génération d’enseignes authentiques, plus proches de leur origine régionale et de la diversité propres à l’Empire du Milieu. On citera ainsi le Xiang Yu, qui décline dans un charmant petit local des Pâquis une cuisine fraîche et savoureuse, volontiers spicy, à l’image des spécialités de la province du Hunan; on y déguste notamment un impeccable bar cuit entier à la vapeur, rehaussé d’une sauce pimentée-poivrée. Autre exemple genevois, la Belle Jonction a pour spécialités maison les nouilles emblématiques de la province du Shanxi, mais aussi les baozi et autres raviolis vapeur ou frits; Ying Huang et Xiaodong Li, repreneurs de cette minuscule enseigne, y déclinent une cuisine personnelle familiale, très accessible dans ses tarifs. De même, à Lausanne, il faut évoquer les deux enseignes populaires et animées de Xu, le Tangroulou, qui s’est fait une spécialité des fondues chinoises, et le Kung Fu, mais aussi le Henan, à Renens, et le Mian Fan, à Yverdon. Tous ces restos authentiques, voire les pionniers de la culture chinoise du thé et des dumplings que sont le Canard pékinois, à Lausanne, et le Thé, à Genève, s’apprêtent à célébrer le Nouvel An lunaire, certains avec un menu dédié.
Le menu, précisément? L’heure est en principe aux réunions familiales, mais les expatriés s’organisent désormais souvent pour aller manger dehors, note Lucia Tinghi, jeune cheffe lausannoise passionnée par la Chine. Si chaque région a ses propres traditions et chaque famille ses recettes fétiches, huit plats au moins figureront dans le menu classique du Réveillon: un poisson entier cuit à la vapeur (le mot évoque l’abondance); des nouilles de longévité (à consommer entières en gage d’une longue vie); du.
(Véronique Zbinden)